A chaque fois que je décide de découvrir un nouveau délire de David Cronenberg je me dis que cette fois-ci le sieur ne m'aura pas, que je commence à le connaître son cinéma, et qu'il est déjà allé assez loin comme ça !
Eh ben nan : une claque de plus ! En même temps, je joue les candides, mais le thème principal est grave du genre à me passionner : l'écriture. Je dis "principal" parce que vous savez aussi bien que moi à quel point notre dérangé du bocal ne se contente jamais de si peu... Et Le Festin Nu - adapté d'un bouquin culte-que-je-n'ai-pas-lu-comme-d'habitude-honte-à-moi de William S.Burroughs ne déroge pas à la règle. Bien au contraire. Aussi, j'avoue que sa complexité "lynchienne" s'avère telle que je ne suis pas bien certain d'avoir TOUT saisi...
Mais ça ne m'empêchera pas, téméraire que je suis, d'au moins essayer de résumer le début de ce trip hallucinatoire. L'intrigue se passe donc au milieu des années 50, dans une ambiance très jazzy, et s'ouvre sur un exterminateur de cafards plutôt bien sapé dont la machine tombe en panne - ou plutôt en manque de poudre. Ce type prétendra aux stups - enquêtant sur sa poudre anti-insectes - être un ancien junkie ayant décroché... Et très vite le film part en cacahuètes : un insecte-anus-géant-qui-cause lui suggère de tuer sa femme, il pense halluciner et explose la bête, mais de retour chez lui, sa femme se fait sauter par un de ses potes pendant que l'autre leur fait la lecture. Stoïque, l'exterminateur s'injecte un petit shoot et shoote "accidentellement" sa femme à la Guillaume Tell... Quand je vous disais que c'était perché ! Mais ce n'est qu'un début...
La suite nous gâtera d'effets spéciaux phénoménaux, d'hallucinations surprises à base d'aliens, de machines-à-écrire insectes cannibales, de monstruosités invraisemblables quoi... Mais alors, à quoi ça rime tout ça ? J'ai cru comprendre que cet exterminateur, en fait écrivain frustré, et à l'homosexualité plus ou moins refoulée (thème très présent tout au long du film), partira suite au décès de sa femme pour "l'Interzone", sorte de Maghreb imaginé au tréfonds de son cerveau de toxico. Là-bas, il écrira des rapports comme agent - sous couverture d'homosexualité - pour une corporation internationale à propos de trafic de viande noire de centipèdes. Mais en réalité, il écrit un bouquin. Un peu comme si la mort de sa femme lui avait donné de l'inspiration - d'où la scène finale...
M'enfin bon, y a tellement à dire que j'y passerai la journée en détails hallucinatoires et loufoques. Mais sachez que l'univers fonctionne à merveille, que les acteurs excellent, que j'ai rarement vu un film aussi barré (la machine ultra-sexuée, le sperme "d'aliens"), aussi malsain (la cage à perroquets), et que les dialogues font dans le cultissime (le débat initial sur l'écriture est passionnant et les deux histoires que l'écrivain raconte à Cloquet sont juste jubilatoires !!!). Enfin voilà quoi, j'ai rarement vu un truc pareil, et j'ai déjà envie de le revoir parce qu'à mon avis c'est le genre de films que l'on apprécie davantage à chaque visionnage ; et accessoirement pour me convaincre d'augmenter cette déjà-très-jolie-note. :)