Ah Françoise Fabian ! A elle seule, elle fait gagner des points à n'importe quel film. Ici sa parfaite plastique, et ses yeux envoûtants ne font pas déroger à cette règle, que je viens d'inventer, mais qui se vérifie avec une rigueur scientifique. Sa démarche dansante et altière en sortant de l'église, dans une jupe de soie souple et volante, enchante le début du film.
Le film justement, j'ai failli l'oublier... Non pas que la réalisation de Decoin soit plus barbante qu'une autre, mais on n'est pas captivé non plus. Cela tient peut-être à l'histoire, qui peine à nous passionner : un traficant d'armes (Peter van Eyck) règne en maître dans son château sur sa bande de malfrats. La police tente d'éradiquer ses malfaisantes activités en envoyant une taupe, en la personne de Raymond Pellegrin. On trouve également dans le casting Ventura et Vanel, décidément inséparable de Van Eyck depuis "le salaire de la peur".
J'avoue n'avoir jamais bien compris le succès de Pellegrin, que je trouve toujours identique et impavide dans son interprétation, qu'il soit instituteur ou maquereau. Van Eyck a bien la parfaite tronche du gangster aristocratique, ce qui, du reste, n'est pas un rôle de composition, car il descendait d'une authentique famille prussienne, les von Eick. Il batavisa son nom pour les raisons qu'on devine.
La fin du film est un peu poussive, et il fallait bien toute la grâce de Françoise Fabian pour nous faire patienter.