L'amant double
Avec son troisième film, Le Fidèle, Michaël R. Roskam rate le coche et met un peu les pieds dans le tapis avec un polar à la sève mélodramatique qui peine à trouver son souffle. Habité par une mise...
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le 5 nov. 2017
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Un film comme « Le Fidèle », qui part sur une base excellente et intéresse par son mélange réussi de romance passionnelle et de polar pendant une bonne heure pour ensuite s’effondrer dans la seconde partie, est vraiment frustrant. Surtout de la part du réalisateur Michaël R. Roskam qu’on avait découvert avec l’épatant « Bullhead » et qui avait traversé l’Atlantique avec succès avec le polar « Quand vient la nuit ». Revenu en Belgique, il narre le coup de foudre entre une pilote automobile et un braqueur. Le souci est qu’elle (Bibi) ne sait rien des de ses activités à lui (« Gigi »). Très bonne idée d’associer ces deux corps de « métier » à l’écran, cela donnant un contexte assez original au film. Et durant sa première moitié, cela accouche d’une histoire d’amour passionnelle forte et crédible, donnant même lieu à quelques séquences très chargées en émotion comme celle du téléphone. Si on s’agace de la moue boudeuse d’Adèle Exarchopoulos au début et qu’on a du mal à croire à leur coup de foudre en un regard, plus le film avance plus on espère leur bonheur et on y croit. Quant à Matthias Schoenaerts, il est parfait, sachant montrer la force de caractère du bandit, la douceur de l’amoureux, le charisme du bellâtre et les failles d’un homme qui doute. En revanche, tout le long de la projection on se demandera tout de même pourquoi la peur des chiens a été ajoutée au cahier des charges de son personnage car elle n’apporte rien au film et ne sera jamais vraiment expliquée ni utilisée à bon escient. Dans tous les cas, l’association de ces deux là ne semblait pas évidente mais elle le devient très vite.
On constate ici que le cinéaste belge est en plus un excellent esthète. Il soigne ses plans et ses cadrages, nous gratifiant de quelques envolées formelles très probantes. De la même manière, il baigne son film dans une atmosphère entre chic et crasse qu’il parvient à rendre visuellement cohérente, passant de l’un à l’autre avec aisance. Le nouveau long-métrage de Roskam est donc sans conteste beau à regarder, c’est un fait indéniable. Avec en plus un travail sur le son, le mixage et le montage qui est exemplaire, « Le Fidèle » peut se targuer d’être une œuvre formellement exemplaire. Mais malheureusement au bout d’une bonne heure de cinéma plaisante et originale mariant scènes de romance réalistes et sans niaiserie à des scènes de braquage brèves mais tout aussi pertinentes et fortes, le film se casse clairement la gueule. En effet, le scénario part dans des circonvolutions étranges et prend des directions excessives et clairement hors de toute logique. En fait, il aurait du s’arrêter quand Gigi se fait prendre par la police. L’intrigue qui réservait des surprises et nous charmait prend une tournure totalement alambiquée et beaucoup trop chargée en mélodrame. Le sort et le parcours quasi christique de ce couple dans cette seconde partie devient alors trop caricatural. D’ailleurs on finit par trouver le temps long, s’ennuyer et damner la scénariste qui n’a pas su boucler son film correctement. « Le Fidèle » est donc un film complètement bicéphale, presque malade, qui ne tient plus aucune de ses belles promesses de départ.
Créée
le 3 nov. 2017
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