La plasticité du braquage

Dans Le fidèle, mettant en scène Adèle Exarchopoulos aux côtés de Matthias Schoenaerts, Adèle aka Bibi, est amenée à porter fréquemment des combis ultra moulantes puisqu'elle est championne de formule 1. On la voit piloter à vive allure, et se sentir en totale adéquation avec ce sport adrénalineux.
Dans ce film, oscillant entre histoire d'amour et braquage entre gangsters, Michael Roskam - à qui l'on devait Bullhead en 2011 et Quand vient la nuit en 2014 - sublime ce couple que tout semble pourtant opposer. Bibi comme je viens de le dire, est pilote et fille de patron, quand Gino aka Gigi, après avoir fugué de chez ses parents, tente à présent de se faire passer pour un vendeur de voitures de course.
Très vite le coup foudroie la belle et la brute, et leur amour s'enracine sans pour autant altérer le rythme du récit. Car si Gino continue ses magouilles avec sa bande d'amis, Bibi n'est pas dupe et a de plus en plus d'impact sur ses choix. C'est d'ailleurs l'une des nombreuses qualités de ce film : ne pas réduire l'actrice au statut d'objet satisfaisant uniquement les désirs masculins. Bibi a ici une réelle place de femme badass, de femme forte, malmenée contre son gré par les travers de la vie.
Entre deux crissements de pneus et deux coups de feu, le couple se retrouve charnellement, se confie, et finit même par se livrer intégralement à l'autre. Leur histoire tient la route, mais rêve d'exclusivité. Gigi souhaite décrocher après un énième gros braquage, mais évidemment rien ne se passe comme prévu. La caméra saisit la peur, la furie canine, et la lutte des personnages avec maestria. Une séquence sur l'autoroute reste d'ailleurs inégalée dans le top 10 de mes plus récents souvenirs cinématographiques. Un camion, des hommes, des flingues et des câbles, et voilà que le braquage se transforme en une sorte de ballet aérien, puis terrestre, exécuté avec précision.
Vous l'aurez compris,Le fidèle m'a saisie, moi qui ne suis pourtant pas fan des films qui font boumboum, je reviens sur mon jugement grâce à Michael Roskam qui crée ici un nouveau genre de film d'action, parsemé de fragments relationnels sincères.
J'ai particulièrement apprécié la direction artistique du film, dont l'ambiance esthétique joue sur différents tableaux : la passion, la rugosité, l'excès, le traumatisme, etc. On sent la patte du plasticien roskamien, qui conclut le film sur un long travelling filmant la route qui défile à vive allure, rappelant les exploits du Prince Noir, cet homme qui filmait ses tours sur le périph parisien à plus de 220km/h en moto.