Tchao Pantin

Quasi-inaperçue dans nos contrées, c'est incroyable à quel point une telle pépite a pu passer si tristement à la trappe (Star Wars épisode III était dans le coin). Il y a quelques semaines je lisais dans Mad Movies un dossier sur les puppets au cinéma par Alexandre Poncet, un passionné du genre, et pas une seule ligne ni un mot sur ce film ! Pourtant, le bonhomme a étiolé son sujet et les références (parfois) évidentes qu'il invoque sont légion : Les Muppets, Dark Crystal, Meet the Feebles, Critters, Team America... mais rien sur cet OFNI qui a pourtant beaucoup de mérite.

Que nous propose donc Le Fil de la Vie ?

Une histoire aux codes déjà usités mais qui possède son propre univers, ses propres lois. Sous la forme d'un conte (ou est-ce une pièce shakespearienne ?), le métrage donne une dimension épique à un théâtre de pantins sculptés de bois brut et aux ficelles grossières qui saturent l'écran. Pourtant, l'équipe justifie ces apparents "défauts" pour installer un concept au cœur même du script, tant technique que fantastique qui est ma foi fort bien pensé. De plus, le travail des marionnettistes est impressionnant tant les mouvements qu'ils instrumentalisent à l'écran sont précis, justes et fluides. La photographie qui vient lécher sensiblement un monde tout fabriqué à la main est un des atouts majeurs du film, ainsi que la musique qui remplace l'inexistence des expressions faciales des marionnettes.

Ainsi, et c'est bluffant, le réalisateur parvient à instiller des émotions fortes chez le spectateur seulement avec des visages figés qui remuent subtilement. Comment fait-il ? Simplement grâce à un ingénieux sens du cadrage et de la composition, un montage ciselé comme il faut, un rythme qui vise juste en somme. Ajoutez à ça des facteurs météorologiques et quelques plans iconiques qui viennent renforcer l'empathie, l'immersion (de l'eau qui détrempe des gros plans de visage, deux mains qui se frôlent etc...) et vous pouvez vous passer aisément d'acteurs ! Tous au chômage les faces d'huîtres (t'as eu chaud Hayden Christensen !).

Pour conclure, je ne vous recommanderai que chaudement ce petit bijou de l'animation, beaucoup trop méconnu. Poétique, grandiose, attachant... Strings est tout en même temps et vous donnera envie de sauvegarder votre lien cérébral.