Alain Cavalier brosse un portrait intimiste de lui-même.
Il brosse son portrait non pas en s'exposant directement devant la caméra, mais en plaçant la narration derrière elle; ainsi le spectateur est derrière le regard du cinéaste.
Ses plans muets sont nettement plus bavards que n'importe quel discours.
Raconter la vie, c'est compiler des fragments de présent.
Il filme sa mère endormie, grotesquement, la gueule béante, et les pensées les plus touchantes lui viennent à l'esprit; soudain, elle se réveille et perturbe son discours philosophique. Gêné, il ne filmera plus sa mère de la visite, lui préférant le silence d'un fauteuil.
Ce n'est pas juste le portrait de Cavalier Homme, mais aussi celui de Cavalier Filmeur.
Le réalisateur a du pouvoir sur l'image qu'il crée. Mais ce pouvoir est limité par la vie.
Filmer l'intimité avec pudeur. La perversion n'est jamais invitée à table.
Il est Dr Jekyll et Mr Hyde.