Un bon film, dans son genre, qui n'est pas mon genre préféré, mais je m'autorise un pas de côté de temps à autre, et, en l'espèce, je ne l'ai pas regretté. Pourtant, je me méfie des comédies comme de la peste, françaises en particulier. L'argument est un peu mince : un père en voie de déclassement, voire de relégation, mise tout sur son fils, censé porter sur ses frêles épaules l'héritage d'une famille d'aristocrates du rugby. Un film d'hommes, donc, peuplé de figures braillardes et bagarreuses comme on les aimait à une certaine époque. Et qui assument à présent avec panache leur statut d'espèce en voie de disparition : des machos au grand cœur. Gérard Lanvin a fait profession de ce genre de personnage, et s'en tire avec une belle aisance, parvenant à rendre sympathique un homme que le ridicule n'effraie pas. Un fier-à-bras soupe-au-lait, sorte d'Obélix musculeux qui dissimule une dimension plus intéressante, intime et douce, derrière une façade de mauvais garçon qui s'entête dans ses errements de jeunesse. Cela fait du film une sorte de Don Camillo du ballon ovale mâtiné de Vieux Fourneaux athlétiques, pas désagréable, dans lequel s'entremêlent des thèmes contemporains comme la mondialisation conquérante (le terrain de rugby ancestral est acheté par une firme irlandaise qui compte le transformer en zone de stockage), les petits arrangements politiques en zone rurale, la désaffection des jeunes pour les pratiques collectives, et j'en passe. Bon an mal an, ce cocktail alambiqué finit par donner à l'histoire une coloration plutôt plaisante, cousue de fils blancs, certes, mais qu'on suit sans déplaisir jusqu'à un dénouement sirupeux téléphoné depuis la première seconde. Mais on s'en fiche un peu, ça détend et ça n'est pas si indigne.

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le 8 juin 2024

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