Le Fils d'Elias a marqué par son multiculturalisme, son multiethnisme et sa multireligiosité, qu'il a balancés sous les néons œucuméniques d'une galerie commerciale. Rien de mal à ça, sauf que le film n'en a visiblement pas grand chose à faire d'avoir l'esprit ouvert. La tolérance est éveillée comme à contrecœur (je pense notamment aux Coréens dont la boutique ne devient digne d'intérêt que lorqu'on est obligé de s'y rendre) et les langues sont là pour décorer (on remarquera la Lituanienne qui parle un excellent russe, mais vu que personne ne la comprend, on s'en fiche, non ? C'est en tout cas ce que semble s'être dit le metteur en scène).
Quant à la caméra, elle gigote, elle zoome et dézoome comme si elle convulsait, ou bien comme si elle voulait faire vivre le film au spectateur au moyen de lui partager la migraine de son caméraman. En fait, peut-être que lorsque les acteurs jettent un œil à la caméra, et ce en trop peu d'occasions pour que cela suggère un procédé voulu, c'est pour reprocher ces effets d'images aussi inutiles qu'énervants ? Le sens et l'histoire naissent de dialogues prolixes par la force de leur insistance et non de leur qualité, et au final, les protagonistes de la galerie ne servent à rien de plus qu'à l'introduction et la conclusion, ce qui frise le foutage de gueule ; le milieu ne nous entoure pas, et nous ennuie plutôt.
Si l'appréciation que je fais du film n'est pas entièrement mauvaise, c'est pour la petite intrigue intéressante qui voit malgré tout le jour, et pour la performance bluffante d'Adriana Azemberg et Rosita Londner dans ce cadre semi-réel chaotique.
Quantième Art