Exercice d'hostile
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Chargements de charbon, cendres, cadavres, vêtements, des wagons d’arrivants, nettoyage des corps, du sang, des fours et des « douches », organisation des charniers, frénésie abominable et discontinue d’une manufacture d’extermination, dont la barbarie déshumanisante des bourreaux comme des prisonniers, turbinent avec une cadence à peine imaginable. Tonnes de déchets de cendres, de fumées et d’ossements, s’activent et s’affolent sous les ordres aboyés, les hurlements des victimes, et les lourds et terrifiants silences et obéissances harassées des esclaves juifs assignés à ces tâches en attendant leur tour.
Parmi eux, Saul, prisonnier Hongrois, chair à crever et corvéable à souhait, tente de dériver sa folie par une obsession consistant à offrir des funérailles décentes à un enfant mort dans lequel il voit son fils. Surmontant l’agitation omniprésente, esquivant les soldats Allemands, composant avec ses camarades, les trafics du camp et la révolte qui s’y prépare, il n’aura de cesse de trouver un rabbin parmi l’océan de victimes promises au massacre dans l’unique et pathétique espoir d’un onirisme salvateur de sa raison.
On en a déjà vu tellement sur les processus de l’holocauste qu’ici la marque de ce puissant et terrifiant film hongrois se focalise sur une extraordinaire et originale manière de filmer l’horreur, tant des actes que de l’intimité broyée des loques abruties de travail que furent les « ouvriers » d’Auschwitz. Par une majorité de plans rapprochés et faciaux, des dialogues justes nécessaires, la barbarie et le vacarme continuels, et au travers de ce pauvre enjeu humain, l’efficace et choquante caméra nous plonge durant deux journées furieuses à l’intérieur d’une des plus célèbres usines à cadavres d’Europe.
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Créée
le 15 avr. 2017
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