Filmer est un art.
Nemes en est l’étalon.


Quand a-t-on vu pour la dernière fois pareille mise en scène ?
Quel autre jeune réalisateur a-t-il lancé sa carrière avec une telle audace et des partis pris d’ordre technique aussi marqués ?


L’image est serrée, étouffante, parfaitement en phase avec cet Auschwitz suffocant de violences et de douleurs. Le regard du personnage principal nous est présenté à travers une réalisation sciemment inscrite dans son sillage. Le cadreur prend place à 70 ou 80 centimètres de Saul, capte son indifférence, mariée à la désillusion des lieux. Ces lieux, ils ne seront d’ailleurs dévoilés qu’à la marge, à travers les vues floutées et subjectives d’un héros courant deux lièvres à la fois : enterrer son fils et préparer une évasion.


Le son.
Sa conceptualisation est ici haussée au même rang que l’image.
Quand la vue est brouillée ou tronquée, c’est le bruit, les cris, les explosions qui prennent le relai. Nemes filme de manière clinique, parfois même pudique, et privilégie le son quant à l’appréhension complète des tourments et malheurs environnants. Une récurrence qui fait sens.


« Le Fils de Saul » témoigne à chaque instant d’une exigence et d’une rigueur peu communes. Certains en viendront fatalement à critiquer le traitement des camps de concentration de Nemes (à tous les coups, c’est la même rengaine), mais je ne trouve personnellement rien à y redire. L’immersion est éprouvante, subjective, mais ne prétend pas à autre chose, et surtout pas à constituer une vérité exhaustive et absolue.


Une magnifique et déchirante expérience de cinéma. C’est ce que je retiens.

Kubritch
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le 13 nov. 2015

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