Le succès du Spartacus de Stanley Kubrick/Kirk Douglas ne pouvait décemment pas laisser indifférent l'Italie, l'autre pays du Péplum également bien connu pour son opportunisme commercial. C'est donc sans surprise qu'on vit deux ans plus tard apparaître en salle ce bien nommé Fils de Spartacus. Évidemment moins ambitieux que son modèle, cette suite bénéficie toutefois du savoir faire Transalpin de l'époque et de la présence d'un des meilleurs metteurs en scène officiant dans ce registre, Sergio Corbucci.
Le film a lieu une vingtaine d'années après les événements décrits dans le long métrage Américain de référence. Randus (Steve Reeves), le fils de Spartacus, ignore complètement sa parenté avec l'ancien chef des esclaves révoltés et est un centurion apprécié au sein des légions de César. Sa loyauté et ses bons états de service font que le consul le désigne comme envoyé diplomatique auprès de son rival, Crassus. Au cours de son voyage, Randus va découvrir sa filiation et tout mettre en œuvre pour assouvir sa vengeance.
Comparé à son modèle, l'intrigue du Fils de Spartacus ne brille pas outre mesure. Les grandes thèmes d'égalité et de liberté mis en avant dans le film US ne servent ici que d'arrière fonds à ce qui est avant tout une histoire de vengeance. De même la psychologie de Randus est assez limitée. Il n'y a quasiment aucun questionnements intérieurs chez le fiston quand il apprend sa filiation et ce qu'elle entraine. Au contraire, il l'embrasse immédiatement et ne montrera jamais le moindre doute par la suite.
De manière assez amusante, on remarquera que les scénaristes se sont manifestement inspirés des aventures de Zorro pour construire la seconde moitié de leur récit, Spartacus assumant deux identités différentes et laissant un grand S après chacun de ses coups d'éclats envers son Némésis.
Moins élaboré que le scénario de son modèle, l'histoire du Fils de Spartacus a néanmoins pour elle de tenir debout, les événements s'enchainant logiquement, sans temps mort, tout en livrant les nombreux combats au glaive et au pilum attendus. Mais moins que le scénario, le peplum Italien se distingue par ses qualités visuelles. Tourné essentiellement en Egypte, le désert et la présence d'authentiques ruines locales confèrent une ambiance unique au métrage, envoutante à souhait. Les intérieurs soignés, la direction artistique de qualité et une mise en scène travaillée de Corbucci vont dans le même sens.
Le casting est par contre, lui, moins convaincant. Steve Reeves n'a aucune ressemblance avec Kirk Douglas et est ici sans barbe. Il y perd 50% de son charisme et la possibilité de cacher son jeu monolithique derrière sa pilosité faciale... Claudio Gorra fait également pale figure par rapport au Crassus interprété par Laurence Olivier. On mettra le surjeu de l'acteur sur le compte de l'age plus avancé du personnage...
Péplum mineur mais distrayant, Le Fils de Spartacus a juste ce qu'il faut comme qualités pour ne pas faire honte à son illustre père. C'est déjà pas mal. En cela, il inaugure par ailleurs une constante des suites données aux chefs d'oeuvres de Kubrick (voir le 2010 de Peter Hyams).