Baby on Board
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"Three Godfathers" ou "le fils du désert" : pour une fois, je n'ai pas de commentaire à faire sur les titres en VO ou en VF. Ils traduisent bien le film.
Ce western est avant tout un film chaleureux. L'Ouest reste un pays où la vie est rude, où les gens font durement leur travail mais avec empathie. Les bandits attaquent une banque (joyeusement) et le shérif va poursuivre les bandits sans chercher à les tuer ou les lyncher. D'ailleurs, la ville en Arizona, s'appelle Welcome.
C'est un film chargé en symboles bibliques. Les Rois mages qui suivent l'étoile du berger, la traversée du désert, la Nouvelle Jérusalem qui est l'objectif à atteindre, l'ânesse qui sauve, etc ...
De surcroît, il entre dans la catégorie des "contes de Noel".
C'est un western qui, probablement, va chagriner les amateurs du genre "western musclé" mais qui pourrait plaire aux non amateurs du western par son caractère bienveillant et, pourquoi pas, humaniste.
Le casting réunit toute une série d'acteurs que je qualifierais bien de fordiens tant ils sont un peu stéréotypés ou connotés.
Je passe sur John Wayne qu'on ne présente plus chez Ford mais Amendariz qui joue le rôle du bandit mexicain ou Harry Carey Jr en jeune hors-la-loi (Abilene Kid, tout un programme). Mais il y en a bien d'autres qu'on voit souvent et qui contribuent à faire une certaine légende du western. Ward Bond en shérif dont le nom est "Sweet", Jane Darwell en truculente femme, grande amatrice du genre masculin, Mae Marsh en mère poule, absolument incapable de haïr et pleine de compassion ou Hank Worden, en amusant adjoint au shérif, un peu simplet, incapable de maîtriser les mules.
Le trio de choc Wayne, Amendariz et Carey s'en tire plutôt bien sans trop cabotiner ou verser dans la sensiblerie qui était vraiment le travers dans lequel le western pouvait sombrer.
Mais surtout, Ford n'a pas son pareil pour mettre en scène ses personnages ou le désert.
D'abord l'efficace scène d'introduction dans la petite ville sympa Welcome en Arizona où les gens sont souriants et paraissent très accueillants : les trois gangsters arrivent, rient du nom d'un gars occupé à faire son jardin, se voient offrir un café par l'épouse chaleureuse du même gars, jusqu'à ce que ... Non je ne vais pas dévoiler "la surprise du chef".
Puis la caméra en plongée et à contre-jour pour filmer les fugitifs sous la forme de petites silhouettes noires dans le désert du Mojave et la Vallée de la mort, accentuant l'idée du calvaire et de la soif.
J'aime bien aussi l'esthétique de la tempête sur la mer de sable du désert, le montage simple plein d'émotion sobre de l'enterrement de la femme morte en couches, les travelling accompagnant latéralement les chevauchées des fugitifs, …
"Le fils du désert" est un western complètement atypique mais si fordien par certains côtés, notamment la chaleur humaine des personnages. Même si les messages bibliques sont très explicites, Ford ne tombe toutefois pas dans le prêchi-prêcha en restant sur un prudent registre d'amitié et d'abnégation sur fond de tragédie et de comédie intimement liées.
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Créée
le 13 déc. 2021
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4 commentaires
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