La chaîne TCM consacre un cycle de 5 films à Charles Bronson, mon idole de jeunesse dont je guettais les films au cours de la décennie 70 lorsque j'étais un ado insouciant ; après Un justicier dans la ville, suivront les Collines de la terreur, le Flingueur, Mister Majestyk et Un espion de trop. D'excellents films qui m'ont fait passer de bons moments de détente et qui donnent de Charly une image de mec viril à la coolitude légendaire. Je suis très content de les revoir après si longtemps.
Le Flingueur n'est pas mon préféré, mais c'est un bon thriller, typique des années 70, avec une bonne intrigue, dont la mise en scène solide de Michael Winner permet de ne pas décrocher, en dépit de quelques flottements, mais surtout évite de se ruer dans l'action effrénée comme le laisserait supposer son titre français, mais ça c'est la propension qu'avaient les distributeurs de l'époque d'associer l'image de Bronson au film d'action. D'où le fait que le titre original the Mechanic est bien plus adapté et plus subtil, car le héros du film, Arthur Bishop incarné par Bronson, agit telle une véritable mécanique bien réglée.
Bishop, ce tueur à gages est un taiseux méthodique qui prépare ses contrats de façon méticuleuse, en utilisant des méthodes sophistiquées, avec observation, photos à l'appui et matériel adéquat. Il va ensuite "former" à ce métier le fils d'une de ses victimes qu'il prend en affection, et dont le rôle est tenu par Jan-Michael Vincent, un beau gosse un peu voyant et sûr de lui. Cette relation va devenir ambiguë au point d'être un mélange curieux entre rapport filial de substitution et séduction homosexuelle refoulée, c'est assez étrange mais c'est ce qui donne une sorte de piment à ce thriller assez peu conventionnel.
Second des 6 films dans la collaboration entre Winner et Bronson, le Flingueur s'intéresse aux 2 personnages principaux incarnés par Bronson et J.M. Vincent, tout tourne autour d'eux, les autres acteurs étant des suppléants dans des petits rôles permettant quelques liens pour la fluidité de l'intrigue. Le film réserve une sacrée surprise à la fin et prouve que toute notion d'amitié dans ce métier est illusoire, grâce à un double retournement que je vous laisse savourer. Bronson retrouvait donc son réalisateur fétiche après les Collines de la terreur, un western violent tourné la même année, et avant le Cercle noir en 1973, un polar étonnant, et surtout Un justicier dans la ville 2 ans plus tard qui va porter au pinacle leur collaboration. Le Flingueur reste célèbre pour sa séquence d'ouverture quasi muette pendant une quinzaine de minutes où l'on voit Bishop exécuter un contrat à sa façon, et fera l'objet d'un remake en 2011 avec Jason Statham, mais plus convenu, sans avoir la même originalité.