Sartana est un personnage atypique du western italien. Personnage d’inspiration bondienne avec ses nombreux gadgets, il est aussi une incarnation presque surnaturelle du héros traditionnel et présenté avec une véritable distanciation ironique. Tout est léger dans la série des Sartana et tout est prétexte à la fantaisie. Tant et si bien qu’il est toujours difficile de prendre ces films au sérieux. Le ton du générique n’est pas loin d’ailleurs de passer pour une parodie de ceux des James Bond avec ce joueur de cartes en noir sur fond rouge. La musique entraînante de Vasco et Mancuso évoque, par ailleurs, les cuivres de John Barry. La première séquence creuse ce sillon. Au cœur de couleurs chatoyantes, un braquage audacieux semble être commis par Sartana. C’est, évidemment, ce que veut faire croire son auteur qui, dans la foulée, se débarrasse de tous ses complices. Le véritable Sartana entre alors en scène à la fois pour laver son honneur et rafler les 300 000 dollars qui ont été dérobés. À ses trousses, les chasseurs de primes sont partout mais, bien entendu, vont trouver sur leur route une cible plus maligne qu’eux. Sartana va ainsi puiser dans son habituelle manche des astuces dont il a le secret pour poursuivre sa route et démasquer les véritables coupables.
Comme toujours avec Sartana, on ne craint jamais pour sa vie et on sait qu’il triomphera du piège qui lui a été tendu. Si la dimension policière qu’on pouvait espérer au début est rapidement évacuée car le script se perd dans de trop nombreuses digressions incarnées par de trop nombreux personnages, le spectacle est au rendez-vous. Ça flingue à tout va avec des duels souvent originaux et Giuliano Carnimeo accompagne régulièrement les personnes touchées d’une balle avec une caméra qui, elle-même, s’effondre en inclinaison. Rien de révolutionnaire mais des effets de mise en scène originaux qui accompagnent le côté parfois cartoonesque de l’ensemble. Réalisateur de tous les Sartana à partir de ce titre, Giuliano Carnimeo commence à apporter sa patte qui sera vraiment la bienvenue dans cette franchise. Tout n’est pas encore ici abouti, mais l’ambition est tout à fait honnête.
Dans le rôle-titre, Gianni Garko assure totalement. Souvent considéré comme un acteur moyen, il dégage cependant une vraie présence et une aura qui sied parfaitement à son personnage. Même si les personnages secondaires sont trop nombreux et s’il manque un véritable rôle féminin, les présences de Franck Wolff, de Klaus Kinski ou encore de Gordon Mitchell sont un atout indéniable. Le résultat est certes foutraque mais assure de très bons moments. Les deux épisodes suivants seront cependant les meilleurs de la série.