Le film de Claude Autant-Lara relate l'histoire vraie d'Alfred Stanke, ce soldat allemand, moine franciscain, infirmier à la prison de Bourges pendant l'Occupation.
Le scénario est tiré du roman de Marc Toledano qui y fut, avec son frère, incarcéré, accusé d'espionnage et torturé. Alfred Stanke, les soigna et les aida comme il le fit avec d'autres prisonniers, avec beaucoup d'humanité.
Ce film sorti en 1968 est passé aux "dossiers de l'écran" dans les années 71 ou 72 (j'ai un petit doute) avec la participation d'Alfred Stanke lui-même au débat. Ce fut un évènement assez médiatisé en France au point que les pensionnaires de mon lycée avaient eu l'autorisation (il y avait peut-être même une certaine obligation d'y assister …) de voir le film et le débat à la télé …
Le film est intense notamment en première partie avec les séquences de torture des frères Toledano par la gestapo, tempérées par les gestes d'aide et de réconfort, la nuit, par l'infirmier.
Ce que l'on retient du film, c'est l'image de cet homme écartelé entre son devoir d'allemand vis-à-vis de son pays et de l'armée allemande et son devoir d'infirmier des corps et des âmes des français détenus et torturés.
Le jeu sincère d'Hardy Kruger dans le rôle d'Alfred Stanke reste très convaincant en n'en faisant pas trop. On dit qu'Hardy Kruger refusa d'être payé pour ce rôle …
C'est presque amusant de voir que c'est ce grand cinéaste Autant-Lara, misanthrope d'entre les misanthropes, qui s'empare de ce sujet humaniste et s'en tire parfaitement bien en ne tombant ni dans le piège manichéen ni dans un pathos insupportable.
J'aime bien la scène finale où le soldat Alfred Stanke pris dans un bombardement aérien du convoi dans lequel il se trouve, scrute le ciel soit pour surveiller les avions soit pour attendre une réponse qui risque bien de ne pas venir …