Françoise Arnoul, guidée par une volonté farouche et une absence de frilosité encore assez rare à l'époque a souvent été utilisée dans ce rôle éternel de jeune fille sensuelle et pas bégueule qui donne aux quadragénaires libidineux comme un aperçu plus vrai que nature de ces voluptés terrestres, de ces fruits défendus qu'ils ont la plupart du temps oublié de cueillir au passage de leur jeunesse à eux et qu'ils recherchent avec une verdeur nouvelle une fois leur petite vie bourgeoise et confortable bien installée jusqu'à l'ennui.

Incarnation parfaite de ce modèle de tentation, la petite Françoise se réserve pour le barbon sur le retour même dans ses rares rôles de rosière et que ce soit dans French Cancan ou dans Des gens sans importance, c'est pour le vieux Gabinou qu'elle se réserve faisant allègrement fi des godelureaux et autres freluquets de son âge...

Ici, c'est Fernandel qui tombe sous le charme forcément un peu vénéneux de la donzelle, médecin en Arles étouffant entre sa mère omniprésente, ses gamines en bas âge et sa seconde épouse chaleureuse comme la banquise dans l'océan arctique par une nuit de février, le pauvre bougre a bien des excuses pour se laisser attendrir par le jaillissement imprévu d'un doux sein chaud hors de son petit carcan de tissu noir.

C'est une jolie ambiance comme Verneuil en réussissait au début de sa carrière, le poids de la ville de province, l'ennui écrasant du soleil sudiste, le réveil du démon de midi, l'étouffement de la vie comme elle vient, tout simplement...

On retrouve avec plaisir les yeux sévères de Sylvie, ancienne institutrice de Don Camillo, dans le rôle de sa mère aussi discrète que terrifiante et on se dit que justement, entre deux aventures de son plus grand succès, le choix pour Fernandel de cet étonnant rôle dramatique ne manque pas d'un certain panache, surtout que, comme souvent avec les acteurs comiques placés hors de leur domaine de prédilection, il parvient à donner au personnage une force véritablement émouvante qui compense beaucoup le couple un peu bancal qu'il forme avec la mignonnette.
Torpenn

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