Un tueur en série,qui élimine uniquement des truands, sévit dans Paris.La police est sur les dents mais le meurtrier reste insaisissable.C'est pourquoi on le surnomme rapidement "le furet",en référence à la célèbre comptine "Il court,il court,le furet".Le type est en réalité un brave serrurier,bon mari et bon père de famille qui,fasciné par les vieux films de gangsters américains,ambitionne de devenir tueur à gages pour mener la grande vie avec des grosses bagnoles et des belles gonzesses.Il est manipulé par Anzio, un escroc mythomane qui profite de sa naïveté et lui fait supprimer tous ceux qui gênent ses affaires,en lui promettant de le faire engager par le caïd de la pègre Don Salvadore,dont il se prétend proche alors qu'il ne le connait même pas."Le furet" est le dernier film de qualité cinéma qu'ait réalisé Jean-Pierre Mocky avant de sombrer dans le sous-produit bâclé.Il en signe scénario,adaptation et dialogues,s'inspirant comme il l'a souvent fait d'un roman policier américain,en l'occurrence "The subway stalker" de Lou Cameron.C'est mis en scène avec soin,Mocky déroulant son récit avec fluidité.Le film est solidement cadré et découpé et présente des décors nombreux et variés,tout comme le sont les originales façons de tuer du furet.Celui-ci se déplace par les souterrains de la capitale,ce qui nous vaut des images inhabituelles dans les égouts et le métro.La photo d'Edmond Richard est très correcte et la musique de Vladimir Cosma,à la fois gaie et inquiétante,colle bien à l'ambiance équivoque de l'histoire.Il s'agit en effet d'une comédie policière,domaine dans lequel il est difficile de trouver un équilibre entre sérieux et humour.Mocky y parvient et sait doser ses effets,même si la rigolade prend nettement le pas sur le thriller.Une certaine rigueur prévaut ainsi dans la narration,malgré les élucubrations d'une galerie burlesque de personnages déjantés se fourrant dans des situations aussi barrées que périlleuses.Tout cela reste mineur et relève du seul divertissement,mais Mocky n'est jamais aussi bon que dans cet exercice,ses films de critique socio-politique sombrant généralement dans la lourdeur et le ridicule.L'ensemble manque toutefois de rythme et le scénario s'égare notablement vers la fin.La distribution prestigieuse contribue amplement à la réussite du projet.Le héros est incarné par Jacques Villeret,dont ce sera la seule apparition chez Mocky et qui produit le film.Il est l'interprète parfait pour ce personnage de rêveur mêlant rouerie,ingéniosité et crédulité stupide.Michel Serrault exécute un numéro insensé en affabulateur lâche et méchant comme la gale,au phrasé faussement onctueux et à l'hypocrisie réjouissante.Constamment coiffé d'une chéchia,il prétend être un ancien membre des spahis,ce corps de cavalerie de l'armée algérienne rattaché à l'armée française d'Afrique pendant la colonisation.Robin Renucci en flic tenace,Patricia Barzyk ,très sexy en légiste volcanique, et Michael Lonsdale en parrain désorienté sont parfaits.En bonus,il y a des participations inattendues de la jolie Géraldine Danon,entre deux croisières avec son mari le navigateur Philippe Poupon,de Karl Zéro en bandit pleutre et geignard,du rockeur Dick Rivers qui se mettait tardivement à faire l'acteur et se montre excellent,ou du boxeur Frank Tiozzo,moins connu que son frère Christophe mais qui a néanmoins effectué une belle carrière professionnelle.Et puis bien sûr,comme d'habitude,on a droit à la bande de gueules cassées du Mocky Circus,les Alain Fourès,Jean Abeillé,Jean-Pierre Clami,Christian Chauvaud,Freddy Bournane,Roger Knobelspiess,Michel Francini,Ludovic Schoendoerffer,Jean-Claude Romer,Michel Stobac,sans oublier les joyeux duettistes Henri Attal et Dominique Zardi.