Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Robert (le Dingue) fonde le gang des tractions avant, quatuor hétéroclite où se retrouvent un ancien collabo et un déporté, bientôt célèbre pour ses braquages audacieux.
C'est la deuxième adaptation de Roger Borniche par Jacques Deray après "Flic story". En chef de gang facétieux et tête brulée, Alain Delon (avec une étonnante chevelure bouclée) donne le ton d'un film qui, sans aller jusqu'à faire l'apologie de la pègre- les méfaits de Robert trouveront une sanction logique- invoque une certaine joie de vivre après les années d'occupation. L'inorganisation de la police participe aussi de cette période faste du gangstérisme, relatée ici dans la légèreté et la fantaisie. Jacques Deray tourne le dos au film noir. Il organise son film autour des "coups" perpétrés par le gang qui donnent son animation au récit tout en suggérant, notamment par une brillante reconstitution formelle, l'atmosphère post-Libération. Point de vue subjectif où l'insouciance et la liberté retrouvée occultent les difficultés de l'époque.
Rondement menées, les scènes d'action sont réussies. Elles donnent du relief à l'existence, vue de façon un peu superficielle, du gang tandis que l'emploi de la gracieuse Nicole Calfan, dans le rôle de la maîtresse de Robert le Dingue, apparait plutôt vaine.