Le Garçon et le Héron
6.9
Le Garçon et le Héron

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2023)

Miyazaki nous enchante, dans un film dense, dur, émouvant

Hayao Miyazaki sort une nouvelle fois de sa retraite et revient en salles ! Le retraité le plus actif du cinéma semble encore avoir des choses à nous raconter, le réalisateur de “Princesse Mononoké” nous livre son 13e long-métrage, en venant nous plonger dans un récit où Mahito, un jeune enfant ayant perdu sa mère. Va se retrouver propulsé dans un voyage aux confins de la réalité avec un héron cendré mystérieux. Est-ce le film de trop pour le réalisateur de 82 ans ? Ou un film en état de grâce ?


“Le Garçon et le Héron” est un beau film d’animation ! En venant nous éblouir par son animation traditionnelle, le métrage frappe fort... Et parvient à nous émouvoir ! Un film poignant sur le deuil, une poupée russe narrative, et une animation colorée... Des thématiques chères au réalisateur pour un mix réussi pour un très beau film d’animation japonais !


Pour ce nouveau long-métrage, Miyazaki nous replonge dans cette figure infantile en quête de figure de parentale. Dès son introduction, le réalisateur nous plonge dans un Tokyo atrophié par la guerre, où les habitants ne sont que des figures déformées, et la mort vient frapper le jeune Mahito. Avec cette introduction, Miyazaki arrive à frapper fort grâce à son animation sublime, dans une scène dure, et déjà émouvante. Et dès lors, le film va opérer une lente descente vers le fantastique, pour ne pas dire le merveilleux.


En venant s’éloigner de la ville, le film nous plonge dans la campagne japonaise, et va lentement glisser dans un monde parallèle, bariolé, coloré et folklorique ! Le réalisateur japonais y déploie ici tout son talent, en venant peupler son métrage d’une multitude de créatures : d’un héron qui se transforme, à des perruches, en passant par des petites bulles... Foisonnant !


Et c’est ici que le métrage va s’ouvrir devant nous, que ce soit en nous offrant un monde riche, qu’un récit aussi dense !


Car nous avons ici un des films de Miyazaki les plus denses, avec une narration riche en symboliques, mais aussi en thématiques. Que ce soit en venant aborder de manière crue le thème deuil, en nous plongeant dans la tristesse de ce jeune Mahito, et dans une quête qui va être aussi intime que déchirante : la quête de la figure parentale. Car au travers de voyage, c’est bien un voyage vers la quête d’une nouvelle mère, en acceptant la perte de sa maman, Mahito va s’ouvrir à la nouvelle réalité. Son père a refait sa vie, et une nouvelle figure maternelle apparaît, une nouvelle famille va naître.


Et au travers de ce voyage, le film sera aussi dur que lumineux. Que ce soit dans des scènes plutôt sombres, le métrage contrebalance avec une poésie inhérente à son réalisateur. L’apparition d’un héron nous emporte dans un conte, tel un “Alice aux Pays des Merveilles” cosmique. Et si la densité rend le métrage difficile à appréhender dans un premier temps, ce dernier éclot avec le temps, tant il est nécessaire de se replonger dans le film.


Malgré cette densité indéniable, l’émotion parvient à venir pointer le bout de son nez. Non seulement grâce à la beauté d’une animation traditionnelle, qui est une fois de plus sublime. Le réalisateur japonais étant un des gardiens de l’animation dite 2D, et faisant les dessins à la main tout en limitant l’utilisation d’ordinateurs à des fins d’enrichissement visuel. C’est cette maîtrise qui parvient à nous éblouir, mettant en images une imagination débordante, et permettant à des thématiques parfois lourdes, de s’exprimer dans des univers colorés, et avec une poésie qui touche le spectateur !


Et si la retraite ne semble pas être l’activité préférée du réalisateur, on ne peut que le remercier de continuer à nous émerveiller ! Et ce n’est pas ce dernier long-métrage qui nous fera dire le contraire.


Car si nous pouvons facilement dire que “Le Garçon et le Héron” est l’un des films de Miyazaki parmi les plus durs, denses et complexes. Ce n’est pas pour autant que le réalisateur n’y apporte pas une touche lumineuse comme il sait le faire. En nous replongeant dans une histoire avec au centre un enfant, le réalisateur lorgne du côté de “Nausicaä de la vallée du vent” ou encore du “Voyage de Chihiro” tout en apportant un message plein d’espoir sur la sortie de l’enfance ! Avec son animation sublime, le studio Ghibli et Miyazaki continuent de s'imposer comme une magnifique usine à rêves. Après 10 ans d'attente, nous voilà comblés !


Un film émouvant, à la symbolique assez forte, et qui démontre que malgré ses 82 ans, Hayao Miyazaki a encore des choses à raconter. Loin de tomber dans la redite, le film nous éblouit comme il nous effraie. À l’image de cette scène d’introduction flamboyante, le message sera clair : la guerre laisse des cicatrices qui ne partiront pas.

Julien_Levallois
8

Créée

le 11 déc. 2023

Critique lue 14 fois

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