Le Garçon et le Héron
6.9
Le Garçon et le Héron

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (2023)

Comme la plupart des gens, ce que j'aime avant tout, chez Miyazaki, c'est son sens inné de la poésie, cette façon bien à lui qu'il a de réconcilier les adultes que nous sommes avec nos âmes d'enfant : que ce soit un gros chat souriant comme un personnage de la série Esprits Criminels en train de lire un hentai sur un site de lecture en ligne pirate, une créature masquée avec des dents sous le visage, des parents métamorphosés en cochons dégueulasses sous le regard impuissant de leur progéniture, des chenilles processionnaires géantes avec des tentacules buccaux tout ce qu'il y a de plus innocents (disons qu'on a jamais rien pu prouver), une vilaine sorcière punie de sa méchanceté par une lobotomie frontale, à chaque fois, je ne sais pas vous mais moi, je fonds, comme Hauru dans le Château Ambulant quand il devient une flaque de miasme purulente. C'est ça Miyazaki pour moi : le rêve, la magie, ces univers pas du tout anxiogènes, ces aventures légères et bon enfant dont on ne sort jamais traumatisé.

ET POURQUOI IL NE PARLE PLUS LE CHAT DE KIKI PUTAIN ?!

FAIS PARLER LE CHAT DE KIKI ENFOIRÉ DE TA RACE ! JE NE SAIS PAS QUI TU ES NI OU TU HABITES MAIS SI TU NE FAIS PAS REPARLER LE CHAT DE KIKI, JE JURE QUE JE TE CHERCHERAIS, JE TE TROUVERAIS ET JE TE TUERAIS !

Autant de raisons pour lesquelles ce dernier dernier film (en date. On ne nous la fait plus) figure en bonne place parmi mes préférés : sur l'échelle de la poésie, les perruches anthropophages, c'est direct dans mon top 3.

Je n'étais pas revenu du cinéma que j'avais déjà mis ma femme à la rue et que j'avais filé chez Maxi Zoo.

Et pourtant, le moins qu'on puisse dire, c'est que la concurrence est rude, parce qu'entre le héron avec un visage de vieux dans le bec et les pélicans qui bouffent des foetus volants tartare, Vegeta a évalué la force de Poésie du film, elle est over 9000.

C'est dire si j'en suis ressorti avec des étoiles dans les yeux. Des supernovae à trois secondes de l'effondrement sur elles-mêmes. Mais des étoiles malgré tout.

Amis fans de Miyazaki, je ne veux plus vous entendre chouiner comme quoi vous ne voulez pas jouer à Five Nights at Freddy's parce que ça fait trop peur. C'est poétique aussi, Five Night at Freddy's. Comme Miyazaki, pareil. Je vous défie de différencier Freddy et Totoro à vingt mètres dans le noir.

Tout le long du film, tandis que mon esprit vaquait à la recherche d'un sens qu'il ne trouvât jamais, je me disais que ça ferait un chouette background pour un survival horror à la Rule of Rose. Ou un Souls like en cell shading dirigé par Fumito Ueda, je n'étais pas fixé. 

Le Garçon et le Héron, en substance, c'est Silent Hill adapté pour Cartoon Network. J'ai déjà vu des épisodes des Contes de la Crypte moins dérangeants que ça.

Et alors autant les mecs de chez Kotobukiya ont dû faire péter le saké quand les petites boules blanches kawaii ont fait leur apparition à l'écran (pour se repaître goulûment de viscères de poisson mort, mais n'est-ce pas qu'un détail ?), parce qu'à mouler ça ne va coûter grand chose (il suffit de prendre les petites boules noires kawaii du Voyage de Chihiro et de leur enlever les pattes), mais ce sera vendu 6000 yens quand même hors frais de port (au nom de la Poésie et tout ça) ; autant j'ai eu une petite pensée compatissante pour ceux qui gèrent la boutique officielle Ghibli, et qui vont devoir établir un business plan pour refourguer de la peluche de piou-piou psychopathe.

_ Maman, pourquoi elle cache un couteau dans son dos, la jolie perruche ?

_ Chut, Timéo. Moins fort. Elle pourrait nous entendre.

Force et courage à eux, ainsi qu'à Timéo sur les coups des deux heures du matin. J'espère qu'il a une bonne pelle et des connaissances en close combat.

Comme quoi le monde est injuste, quand on y pense : on pousse des cris d’orfraie dès qu'on nous parle de Téléchat, comme quoi ça a ruiné notre enfance, détruit notre estime de soi, gâché nos chances d'avoir un jour une relation sentimentale épanouie (désolé chérie, les relations sexuelles , je peux plus, j'ai l'impression qu'à tout moment je pourrais me faire attaquer par le gluon du trou), seulement que ce soit Léguman, le fer à repasser ou le téléphone dépressif, c'est dans la bonne moyenne de ce Miyazaki. A côté du Héron et de ses copains, même les Télétubbies ils ont l'air sains d'esprit, et on parle quand même d'entités ectoplasmiques de catégorie 4 qui ont aspiré l'âme de milliers de bambins dans les années 90 (les parents ne s'en sont pas plaint, notez ; c'était ça d'économisé sur la Ritaline).

Mais las ! Foin de mauvais esprit ! A l'ère de la démocratisation de l'IA (car rien n'est plus démocratique que la fainéantise et la médiocrité satisfaite d'elle-même), le Garçon et le Héron peut se targuer d'être la première œuvre visuelle intégralement écrite par des anti-douleurs, avec à la clé cette morale universelle : quand vous avez mal à la hanche, respectez la posologie, ne doublez pas la dose, surtout quand vous écrivez des films d'animation tout public.

Parce que clairement, la narration est en roue libre, avec de l'Eurobeat dans le lecteur MP4, elle prend tous ses virages au frein à main et coupe dans les chicanes, ça sent le caoutchouc brûlé pendant toute la durée de la projection : la plupart du temps, on ne sait pas qui sont les personnages, ni ce qu'ils veulent dans la vie, ni ce qu'ils font, ni pourquoi ils le font, ni quand, ni où, ni or, ni car. Et alors là, deux solutions : soit vous êtes plutôt genre Mulder et ça passe crème, soit vous êtes plutôt genre Scully et vous appelez Skinner pour qu'il vous retire de l'affaire. En d'autres termes : si vous pouvez laisser l'esprit cartésien au vestiaire, ou si vous en avez autant qu'un libre penseur du net, vous passerez sans doute deux heures agréables à vous laissez porter par le flot des images sans poser de questions. Dans le cas contraire, vous vous ennuierez ferme et vous vous vengerez sur le seau à pop corn. Pour situer, le Garçon et le Héron, c'est la saison 3 de Twin Peaks dans la volière du zoo de Vincennes, "mais pourquoi ?" étant l'interrogation qui vous reviendra en tête tous les trois plans.

Vous voyez, le mème avec le Travolta de Pulp Fiction qui se retourne sur lui-même l'air décontenancé ? Ben ce sera votre état mental pendant l'intégralité de votre visionnage. Mais avec des perruches couleur M&M's en toile de fond..

Pas possible de spoiler : dès lors qu'on s'écarte des grandes lignes, on ne comprend rien à ce qui se passe. La preuve : on ne peut pas résumer le film, seulement le raconter de façon linéaire, avec pas mal de "euuuuuh" entre les phrases pour donner du liant et se laisser le temps d'éponger les gouttes de sueur.

_ Papa, pourquoi est-ce que le héron il fabrique une maman du héros en pâte à flan ?

_ Parce que... euuuhhhh... je... euuuuh... en fait, c'est qu'il... euuuuuuh...

_ Pourquoi tu pleures, papa ?

_ Laisse ton père tranquille, Guillaume, tu vois bien qu'il est surmené.

Non parce qu'il faut bien dire ce qui est, n'importe qui d'autre se serait pointé devant les producteurs avec le même projet dans sa besace, on l'aurait gentiment prié de rentrer chez lui pour tout réécrire en définissant clairement les enjeux, les nœuds dramatiques, les personnages et leurs motivations, bref, tout reprendre à zéro et les études avec. Mais comme c'est Miya, que sa réputation le précède, que c'est un dieu dans sa discipline et qu'il est un chouïa sanguin, qui oserait lui dire "non" sans crainte d'y perdre son job ou de se prendre un coup de sabre derrière les oreilles ? Alors quoi qu'on en pense, on s’aplatit vilement et on se sarkozyse : Oui monsieur Miyazaki. A vos ordres monsieur Miyazaki. Un autre anti-douleur, Monsieur Miyazaki ?

Ceci étant il y a sans doute des métaphores derrière tout ça, des symboles, des personnifications, j'ai cherché, je vous jure, j'ai tordu le métrage dans tous les sens mais ça m'est passé au-dessus aussi sûrement qu'un vol de pélicans. Pourquoi les futurs petits bébés ont-ils besoin de se nourrir d'entrailles de poisson pour s'envoler ? Est-ce que c'est riche en fer ? En oligo-éléments ? Et est-ce que ça veut dire que si personne n'est là pour leur pécher des soles meunières, plus personne ne naît dans le monde des hommes ? Est-ce que ce n'est pas le pire cycle de reproduction depuis celui des Aliens du film du même nom ? Bon et puis qui est l'héroïne, dans ce monde, et pourquoi contrôle-t-elle le feu ? Elle semble avoir un statut particulier, mais lequel ? Pourquoi la vieille a rajeuni et ne se rappelle plus de son autre vie ? Pourquoi les effigies de ses consoeurs sont-elles supposées protéger Mahito, et de quoi ? C'est pour qu'il puisse les lancer dans l'oeil des perruches en cas de besoin ? Pourquoi la tante part-elle accoucher dans un monde surnaturel où les conditions d'hospitalisation laissent franchement à désirer, et où les soins ne sont pas couverts par la mutuelle ? Pourquoi est-il interdit de lui rendre visite, si ce n'est éviter au personnel soignant un procès pour maltraitance ? En quoi ça regarde les perruches ? Est-ce qu'on vient leur dire comment elles doivent pondre leurs oeufs, nous ? Et comment font-elles pour être aussi inquiétantes alors qu'elles sont gaulées comme Homer Simpson ?

On a autant l'embarras que le choix, si ce n'est davantage.

Alors on gamberge pour s'occuper l'esprit, on cherche des indices, on passe en mode les Experts : la Moquette. Le protagoniste, c'est Hayao, le tombeau quand il arrive dans le monde fantastique, c'est celui de Tezuka, les pélicans qui se pressent derrière lui, ce sont tous ses imitateurs, tous les nouveaux Miyazaki sacrés par nos affiches européennes à chaque nouvelle sortie. Ou attendez, non : le protagoniste, c'est Goro, le fils du réalisateur, et le film s'achève sur ce constat amer : il n'aura pas su prendre la succession de l'affaire familiale, et ferait mieux de retourner dans le réel vendre du poisson et se faire chier dessus par des pinsons (ou par son père lui-même dans les bonus dvds de ses propres longs métrages). Encore que non, disons plutôt : la conclusion du film, c'est que l'époque n'est plus à l'imaginaire, qu'on ne doit pas vivre dans des rêves, qu'on doit faire sa place dans le monde réel, que le reste on l'oublie et donc qu'il ne faut pas faire d'animation japonaise, que c'est une perte de temps, que c'était une erreur, qu'il vaut mieux travailler dans une usine qui fabrique des avions de guerre, ça au moins c'est concret, ça au moins c'est utile et noble, c'est quand même autrement plus gratifiant que de faire rêver les marmots avec des perruches tueuses en série. Quoi que. Tout bien considéré, c'est peut-être plutôt un constat social Roussauiste, qui rendrait la conscience humaine responsable de tous ses tourments et toutes ses déviations : à l'état de nature, les perruches sont libres, égales et bonnes. C'est quand elles se sont mis à vouloir penser que ça a merdé, que l'angoisse les a submergé et que pour surmonter celle-ci, elles se sont mises à manger de la chair fraîche. Normal. Et puis d'ailleurs c'est quoi, les idéogrammes de perruche, héron et pélican, en japonais ? Est-ce qu'on ne pourrait pas retrouver l'un ou l'autre dans le nom d'un rival du Maître ? On ne peut décemment pas haïr les oiseaux à ce point sans raisons, même Goro a droit a plus de considérations, et pourtant le pauvre est un paillasson, il a le mot « bienvenue » tatoué sur la gencive à force. Il faut donc forcément qu'il y ait une explication extradiégétique.

Comme je suis un vieux briscard à qui on ne la fait pas, je me suis donc demandé si le film ne compilerait pas entre ses lignes l'intégralité des chefs d'oeuvre du réalisateur, qui en conditionneraient la structure : on évoque les kamikakushi (disparitions mystérieuses) de Sen et Chihiro, le père débaroule en voiture comme tout droit sorti d'une course poursuite du Château de Cagliostro, l'usine et ses avions évoquent le Vent se Lève, de même que la voix de crooner de notre héros à la puberté précoce (autant que généreuse), la maison aux mille portes ouvrant sur autant d'univers évoque le château ambulant, de même que la pierre tombée du ciel, les pouvoirs de l'héroïne peuvent évoquer ceux de sa jumelle dans Laputa, etc, etc. N'étant pas un spécialiste de la filmo du bonhomme, que j'apprécie sans plus et ai donc rarement visionné plus d'une seule fois, je n'ai toutefois pas pu vérifier cette théorie jusqu'au bout, et me suis contenté d'imaginer des fan fictions cochonnes sur les perruches à la place (en vente au prochain comiket, les dix premiers exemplaires auront une couverture lenticulaire dorée à la main). Par conséquent, si quelqu'un veut creuser à ma place, l'hypothèse est libre de droit.

Naïvement, je comptais un peu sur le dénouement pour me donner des pistes ou confirmer certains de mes soupçons mais que nenni ! Le père Miya m'a a claqué la porte à la gueule sans autres forme de procès, comme si j'étais Goro venu lui demander ce qu'il pensait de la Colline aux Coquelicots, j'ai encore la marque de la poignée en travers (du coup je ressemble à Albator, ça n'a jamais tant matché pour moi sur Tinder).

Et pour cause : la fin est si abrupte que si tu clignes des yeux au mauvais moment, tu dois repayer une place pour le film entier.  

Sauf que vous savez quoi ? Je le répète : malgré tout ça, c'est un de mes préférés. D'abord parce que j'aime bien les trucs perchés (les hérons, les pélicans, les perruches, ce genre de choses). Ensuite, parce que le Maître excelle toujours dans le registre de cette ambivalence magique qui le caractérise, tantôt lumineuse, tantôt perturbante, parfois les deux à la fois, ces mignonnes abominations sous le fard des couleurs qui brillent, attirantes parce que repoussantes, et vice versa, comme pour jouer à se faire peur dans un cadre où tout sera bien qui finit bien. Enfin, parce qu'il propose quelques séquences d'une réjouissante modernité visuelle (la course dans l'escalier au début, et plus impressionnante encore celle à travers la ville, les bandelettes de la salle d'accouchement, ...). Coup de cœur également pour la bande son : tout le long, je me suis demandé pourquoi Miyazaki n'avait pas fait appel à son compère Joe Hisaichi pour illustrer le conte, jusqu'à en arriver à craindre que ce dernier nous ait quitté sans que j'aie eu l'info, tant l'efficace sobriété des thèmes tranche avec la grandiloquence de ses compos habituelles, dont je ne suis pas plus client que ça non plus.

J'ai juste regretté que grand nawak oblige, le récit soit si mal équilibré : on s'attarde trop sur la partie qui se déroule dans le monde réel, et on traverse par conséquent le monde imaginaire au pas de course, sans jamais se poser vraiment (oui, je l'ai fait exprès, absolument).

N'ayant que peu goûté aux charmes très relatifs du Vent se Lève, dont je reste convaincu qu'il aurait fait un très mauvais film pour clore une carrière, tant il n'en est pas représentatif, j'ai trouvé celui-ci beaucoup adéquat, une jolie façon de tourner la page d'un parcours créatif bien rempli (jusqu'au prochain chapitre, espérons-le). Laquelle manque certes de rigueur, de logique, de portée, c'est indéniable, la structure narrative ressemble à la chambre d'un ado le jour des premiers poils qui poussent. Mais qui n'est avare ni de bonnes idées, ni de belles images. 

Ni de perruches non plus, à son avantage.

Quelques mots pour finir au sujet du titre français, et plus particulièrement du niveau en anglais de nos estimés traducteurs, pour qui "How do you live ?" veut dire "le Garçon et le Héron".

_ Je te jure Jean Louis "how" ça veut dire "garçon" en espagnol !

_ C'était pas de l'anglais ?

_ Je commence à être fatigué de ta négativité, Jean Louis. Encore une remarque comme ça et c'est dans la fosse avec les perruches.

_ Ok, le Garçon et le Héron. C'est validé.

Non parce qu'on est bien d'accord, le titre français, il n'a rien à voir avec le contenu du film, le héron en question n'est qu'un personnage secondaire parmi d'autres, il passe les deux tiers de l'histoire à pourrir la vie du garçon, qu'il torture psychologiquement avec des reproductions au 1/1ème de feue maman, liquéfiée sous ses yeux comme ma bedaine sous l'effet des kinder chocobons. Même si on devrait pouvoir rire de tout, c'est quand même pas très très sympa. Et pourquoi pas rebaptiser Monster "Tenma et Johann", tant qu'on y est ? Ou Berserk "Guts et Griffith" ? ! The héron did nothing wrong. Il paraît.

Pour le coup, il y a de quoi regretter de ne pas être québecois. "Comment qu'tu t'accotes mon chum ?" a au moins le mérite d'être plus fidèle à l'oeuvre originelle. Et d'être plus chantant.

J'imagine d'ici les réunions de brainstorming du côté de l'équipe de com' (oui, mon cerveau a eu pas mal de temps libre, pendant le visionnage) :

_ Alors Robert, des idées ?

_ Hé ben j'ai regardé les dix premières minutes, et vu qu'il y a un garçon et un héron, j'ai pensé à "le Garçon et le Héron".

_ Chapeau Robert. C'est très ambitieux. On sent qu'il y a l'expérience qui parle.

_ Hé. Quinze ans chez AB Production. ça laisse des traces. ça avait bien marché, comme technique, avec Olive et Tom, alors je me suis dit : qui peut le moins peut l'encore moins ! J'ai même écrit un générique d'intro. ça donnerait quelque chose comme ça : "le garçon et le héron, une belle histoire d'amitié, le garçon et le héron, pour la paix et la liberté".

_ Mais où vas-tu chercher toutes ces idées? J'adore. Bon, je pense qu'on va partir là-dessus. Vous aviez quoi, les autres ? Oui Maurice ?

_ Moi j'étais parti sur "Le garçon et les Perruches Multicolores Mangeuses d'Homme".

_ Alors c'est bien, mais ça spoile. Et puis j'ai peur que ça nous coupe d'une partie de notre public. Vous savez, le plus vulnérable. Le plus susceptibles de lâcher la thune. La ménagère, les mômes, tout ça.

_ Sinon j'avais aussi Le Silence des Perruches.

_ Non plus.

_ La Perruche a des Yeux ?

_ Nope.

_ Hunger Perruches ?

_ Marcel, vous avez mieux ?

_ L'Antre de la folie.

_ Ha oui, c'est bon ça. Mais c'est déjà pris.

_ Bon ben sinon : "Souviens-toi les Foetus Volants que ton Pélican a mangé l'Eté Dernier".

_ Va pour le Garçon et le Héron.

Alors oui, j'entends bien, ce sont des codes Disnéens qui ont fait leurs preuves, c'est simple, concis, efficace (comme dirait l'autre, avant de croiser les effluves, des fois que ça pourrait ralentir Totoro), ça contribue grandement à vendre le film au jeune public et leurs parents, sauf que POURQUOI ? ! Pourquoi faire ça ? ! Qu'est-ce qui va pas chez vous ? Vous avez une revanche à prendre sur la vie ? Vous détestez les chiards ? Vous purgez une peine de trente ans en travaux d'intérêt généraux ? Je veux dire : amener son enfant en bas âge voir le Garçon et le Héron, c'est assurer des débouchés à tous les étudiants en psychiatrie pour les trente années à venir. La garantie que votre zébulon votera chasse pèche et tradition dès le matin de son dix-huitième anniversaire. Le Garçon et le Héron, c'est le genre de dessin animé où tu emmènes tes mômes pour les punir, de quoi nourrir leurs cauchemars pour jusqu'après l'apocalypse.

"Les perruches !", hurleront-ils dans leur sommeil, en nage, pendant que les météores tomberont autour d'eux sans qu'ils s'en inquiètent. "Elles viennent me chercher !"

A 60 ans ils mouilleront encore leur lit dès qu'ils entendront chanter un rouge gorge.

Et le réalisateur, dans tout ça ? 

Pendant ce temps, il danse, le Miya (oui, je tenais absolument à conclure là-dessus, pardon mais je n'étais plus à ça près).

Sur ces bonnes paroles, je vous laisse, j'ai une peluche à précommander sur le store Ghibli.

Et il me faut un alibi également pour les douanes.

*

P.S. : après avoir rédigé cette critique (sans doute la plus émouvante jamais consacrée à une oeuvre de Miyazaki), je suis allé voir sur le net ce qui se disait sur le film, histoire de voir si j'étais passé à côté de quelque chose, et il semblerait que d'après Goro (le fils de l'artiste, pas le boss de Mortal Kombat), le héron représente le principal producteur des studios Ghibli, et l'oncle créateur représente Isao Takahata. Comme quoi je n'étais pas très loin du compte. J'attends maintenant avec beaucoup d'impatience le démenti du principal intéressé, à retrouver sans doute dans la section bonus du Bluray, entre autres déclarations pleines de sagesse telles que :"mais de quoi il se mêle encore cet incapable", "j'attends toujours qu'il s'excuse pour les Contes de Terremer" et "j'aurais dû l'envoyer à l'usine fabriquer des avions".

Vivement.

P.P.S. : retrouvez en commentaire le bout de texte qu'il m'a fallu sabrer pour publier ici, sans quoi ma publication était bloquée, car considérée comme spam. Et expliquez-moi ce prodige tant que vous y êtes.

Liehd
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le 20 nov. 2023

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Liehd

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