Le Garçon et le Héron est étrange, mais génial. Du pur Miyasaki en somme.
L'animation est évidemment très bien léchée. Il s'agit des studios Ghibli tout de même. On a donc droit à des plans larges de toute beauté, quelques fulgurances (notamment à l'introduction)… et à des plans resserrés assez laids sur certains visages assez caricaturaux. Que voulez-vous, même Ghibli a ses défauts. La musique aussi est très honorable.
C'est avec plaisir que l'on voit Miyasaki revenir à un genre qu'il avait abandonné après Le Château ambulant, l'aventure mêlée de féérie. Place donc à un bestiaire, un décor et des péripéties dignes de Chihiro ou de Nausicaa.
Mais avec tout cela, vient aussi l'étrangeté. La filmographie du maître ne brillant paradoxalement pas par sa clarté. Aussi le spectateur sera-t-il continuellement dérouté par ce qu'il verra, sans toujours comprendre le pourquoi du comment de joyeux bazar.
Il pourra en revanche apprécier le traitement des divers thèmes du film, notamment la question du deuil, l'apprentissage de la vie, le passage à l'âge adulte. Autant de points qui rapprochent ce film du conte.
L'on peut aussi y voir une sorte d'introspection, comme l'était Le Vent se lève avant lui, ces deux films étant le pendant l'un de l'autre : alors que le biopic de 2014 mettait en scène une allégorie du jeune animateur japonais avide de créer, Le Garçon et le Héron nous présentent une image contemporaine et lucide du vieux cinéaste.
Il serait peut-être exagéré de classer ce nouveau venu parmi les plus grandes œuvres du maître. L'avenir et un ou deux visionnages de plus le diront. L'on peut en revanche y voir un très bon film.
Monsieur Miyasaki, en vous avertissant que plus personne ne vous croira quand vous annoncerez votre "dernier film", merci.