Hayao Miyazaki sort de sa retraite pour ressusciter le Studio Ghibli avec Le Garçon et le Héron, inspiré du roman de Genzaburo Yoshino, Et vous, comment vivez-vous ? Ce grand récit fantastique prend place durant la Guerre du Pacifique. Alors que la mère du petit Mahito meurt dans l’incendie d’un hôpital, ce dernier est accueilli par son père et sa nouvelle femme, mais le jeune garçon a du mal à s’adapter à cette nouvelle vie et à faire son deuil. C’est alors qu’un étrange héron cendré apparaît et l’incite à le suivre dans un monde magique.
Le style de Miyazaki nous avait manqué et c’est une joie de retrouver la qualité graphique et technique qui caractérise ses films. L’animation est sublime, avec des personnages aux définitions visuelles abouties, des mouvements d’une fluidité exceptionnelle pour le genre, des décors somptueux, des couleurs magnifiques et une ambiance captivante.
L’histoire s’articule autour d’une thématique forte et universelle, le deuil, tout en glissant lentement de métaphores en métempsychoses. En effet, il n’y a pas un seul élément dans le film qui ne nous rappelle pas un autre chef-d'œuvre de Miyazaki, tantôt Mon Voisin Totoro, tantôt Le Voyage de Chihiro, tantôt Princesse Mononoké, etc., comme si finalement, le réalisateur avait souhaité réunir tous ses voyages dans une dernière œuvre testament. Comme souvent avec le maître de l’animation japonaise, le film peut avoir plusieurs interprétations. Chaque spectateur s’appropriera les intrigues secondaires et leurs dénouements à sa manière.
La musique est également un aspect très réussi de la production. Elle accompagne l’action de manière magistrale.
Malheureusement, l’histoire nous donne parfois le sentiment de courir plusieurs lièvres à la fois. Les aventures de Mahito relèvent d’un voyage au pays des merveilles souvent loufoque et absurde. L’imaginaire s’en va parfois très loin de la raison, à tel point que l’on ne sait plus si ce qu’on visionne a réellement un sens. Nous attendons la fin pour que chaque élément de l’intrigue s’imbrique dans un climax réparateur, mais les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu, et laissent en suspens d’innombrables questions. L’histoire, et plus précisément la thématique du deuil, aurait gagné à un peu plus de simplicité et d’éloquence. Par ailleurs, l'impact émotionnel, si puissant au début du film, perd toute consistance au fil des minutes.
Il n’en reste pas moins que Le Garçon et le Héron est un film remarquable, que l’on sera amené à visionner une deuxième, et peut-être même une troisième fois, pour en apprécier toute sa palette de subtilités. L’œuvre rencontre un succès détonant au Japon et dans le reste du monde, ce qui tend à prouver que Miyazaki a bien fait de sortir de sa retraite.
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