Le réalisateur, Alê Abreu, nous livre un film nécessaire. Nécessaire car il arrive à faire le parallèle entre société moderne du travail et esclavagisme passé. En effet l'industrie présentée ici est celle du coton, et la vision de ces travailleurs ne peut que nous remémorer un temps pas si lointain. Ceci est d'autant plus appuyé que la symbole de la société exploitante est un aigle, symbole des romains, des nazis mais aussi … des Etats-Unis, ancienne économie esclavagiste, proche pays du Brésil où le film est produit, et où ils ont des intérêts économiques et politiques.
C'est un film nécessaire aussi car comme l'enfant du film qui ferme plusieurs fois les yeux, comme pour chercher en lui, comme pour ressentir mieux les choses, on nous propose aussi de retrouver notre enfant intérieur. Comme pour nous dire que la solution est en nous. Et aussi dans la musique que jouent ces passants que voit le garçon, c'est à dire grâce à l'ouverture sur le monde.
Il est aussi poétique car il rappelle nos souvenir d'enfance avec une animation en "coups de crayon" à la manière de dessins d'enfants ou au moins de dessins de livres d'enfants. Cette forme suit le fond pour nous rappeler d'où nous venons, que nous sommes à la fois enfant, adulte, jeune et vieux. Tout comme dans TS Spivet, le train est symbole de parcours initiatique. Ici il est également symbole de déchirure, du début du progrès qui peut faire des ravages, et emporter ceux qu'on aime vers un destin incertain.
Parabole de notre monde, il rappelle les révoltes au Brésil pendant la production du film et même les plus récentes avant le coupe du monde. Un trésor au milieu d'une production animée vampirisée par les productions américaines souvent laides et par quelques éclairs nippons. A ne pas rater, surtout si on a des enfants.