Film de Jacques Tourneur tourné en 1952.
Ce film met en scène des cow-boys de la Pampa (la vraie) en Argentine. Ces cow-boys sont épris de liberté, de grands espaces et ont parfois maille à partir avec des indiens et depuis peu avec l'autorité argentine qui veut les faire rentrer dans le rang …
Je vais donc le classer – naturellement - parmi les westerns. Et pour répondre d'avance à un de mes éclaireurs très "à cheval" (c'est le cas de le dire …) sur la définition exacte du western, ma décision se justifie amplement par le fait qu'on est en Amérique, que la pampa est à l'Ouest de la côte atlantique de l'Argentine, et que l'action se passe vers la fin du XIX -ème siècle.
Jacques Tourneur, grand spécialiste des films noirs ou de pirates, a fait plusieurs excellents westerns. Celui-ci a été tourné en Argentine et a bénéficié du soutien des autorités de l'époque (Juan Peron) qui voulait justement réhabiliter la personnalité du gaucho, c'est-à-dire du cow-boy argentin. Alors, bien sûr, il y a des petites différences comme par exemple la préférence du gaucho pour le long couteau, sorte de "machete" qui sert à tout ; il vit avec son cheval mais monte debout sur la selle pour voir au loin dans la pampa.
Les paysages filmés par Jacques Tourneur sont grandioses qu'il s'agisse de la pampa ou des montagnes de la Cordillère des Andes qui fait frontière avec le Chili.
Le scénario est de Philip Dunne qui a de superbes références au cinéma comme les scénarios de "l'Aventure de Mme Muir" ou de "Qu'elle était verte ma vallée". Le scénario raconte l'histoire d'un homme, Martin, qui devient rebelle à l'autorité suite à un meurtre pourtant en légitime défense et que poursuit Salinas, un major de l'armée puis de la police. Martin rencontrera une femme, Teresa, qui va finir par le ramener à la raison et à une certaine rédemption.
Le rôle de Martin est assuré par Rory Calhoun qui s'investit complètement dans le personnage montrant ainsi qu'il peut parfaitement tenir un premier rôle.
Quant au rôle de Teresa, c'est Gene Tierney qui s'y colle. Le personnage peut sembler secondaire car il n'est mis en scène que dans un deuxième temps. Mais il prend peu à peu une certaine importance, d'autant plus que Jacques Tourneur réussit des plans de toute beauté de Gene Tierney. De plus, la mentalité au début du film est extrêmement macho (on est en Amérique du Sud et ça se voit…) et Gene Tierney contribue beaucoup à adoucir le farouche Rory Calhoun.
Face à Rory Calhoun, Richard Boone interprète avec efficacité le rôle de Salinas, le major qui poursuit sans relâche Martin.
La mise en scène des différents personnage est d'ailleurs quelque chose qui reste à l'actif du cinéaste et de son scénariste. En effet, les caractères sont certes assez tranchés mais suffisamment complexes pour ôter tout manichéisme et rendre les trois personnages plutôt attachants.
La mise en scène du film m'a paru remarquable dans les beaux paysages argentins ; la scène où Gene Tierney dort dans un sous-bois où l'ombre des branches passe sur son visage tandis que Rory Calhoun, dans l'ombre semble l'observer jusqu'à ce qu'elle se réveille est magnifiquement onirique. Le doute qui s'installe dans les yeux de Gene Tiernay sur la part de rêve de la présence ou non de Rory Calhoun est une grande réussite dans le genre. Mais bien d'autres scènes sont superbes comme la course du troupeau de vaches ou encore la fuite de Rory Calhoun et Gene Tierney dans la Cordillère qui est un grand moment plein d'émotion …
C'est un bon western que nous délivre Jacques Tourneur, atypique et attachant.