Le géant de la steppe, un film russe réalisé par Alexandre Ptouchko sorti en 1956 pouvant être classable, selon mes critères et définitions, dans de la Fantasy Mythique puisque reprenant les épopées d'un héros slave : Ilya Mouromets. Une adaptation cinématographique qui respect plutôt bien le conte traditionnel que l'on peut découvrir dans les "bylines" russes. Brève présentation faite, ce film est présenté comme l'un des premiers parlant de ce héros de légende et le film parvient-il à nous montrer toute sa superbe ?
Nous découvrons une partie de l'histoire de Ilya Mouromets, appelé à défendre la cité de Kiev contre des hordes de barbares, menées par l'empereur Kaline.
Pas plus de spoil !
Le scénario n'est guère très original et reprend de nombreux "clichés" du conte : une figure herculéenne à la Siegfried capable de renverser une bataille à elle seule, des faits héroïques, des complots contre cette figure exceptionnelle... Bref, des éléments constitutifs de la plupart des folklores néanmoins, cela n'empêche pas le film d'être agréable et plaisant à visionner, offrant quelques séquences de bravoure, plus qualifiable de faits fantastiques, impressionnantes. Bien rythmée, possédant quelques rebondissements mais également quelques scènes faciles parce que scénario oblige, l'histoire demeure divertissante. Malheureusement, si le fond est agréable, la forme peut laisser à désirer avec une technique plus que moyenne. Il n'y a absolument aucune transition douce, pas beaucoup de transition calme qui auraient pu permettre un ou deux repos pour le spectateur. C'est un problème assez récurrent pour les mauvais films mais là, je dois avouer ne pas comprendre... Nous sommes donc assommés par un enchainement de scènes qui n'ont parfois aucun lien. Mais le plus frappant et flagrant c'est qu'on a le même problème avec la musique : les scènes ne se suivant pas forcément, les ambiances ne sont pas les mêmes et la bande son ne peut pas offrir une certaine atmosphère à deux scènes différente, alors elle se coupe subitement et l'on nous offre une autre mélodie. Ce problème couplé au montage un peu brouillon peut rapidement agacé mais on raccrochera à l'histoire développée qui est plaisante sans être forcément exceptionnelle.
Pour les personnages, on nous présente des figures intéressantes mais qui ne possèdent pas énormément de matière et se résument la plupart du temps à n'avoir qu'un trait de caractère tel que le roi qui, s'il tente de paraître juste avec ses sujets, est aisément manipulable. Ainsi, seul Ilya Mouromets semble muni d'une véritable personnalité et envers qui on s'attache plus ou moins. Son statut presque divin fait également qu'on a toujours quelque chose à découvrir de sa personne, que ce soit au niveau de ces aptitudes ou de sa philosophie. Cependant, ces deux compagnons d'arme ont aussi de la prestance et demeurent intéressants mais ils ne possèdent pas beaucoup de temps d'écran et apparaissent trop peu pour que l'on en profite pleinement.
Il est dommage que ce film se borde, mais c'est logique en un sens, uniquement sur la figure mythique de Ilya Mouromets lorsque l'on voit que d'autres personnages ont autant à faire découvrir de leur personne.
Pour ce qui est des effets spéciaux, ils sont acceptables dans le sens où, étant des années 1950, ce film utilise la technologie disponible. De ce fait, les créatures fantastiques sont sympathiques mais peuvent avoir mal vieilli pour certains, les décors - généralement des toiles ou des murs peints - restent sympathiques, les formes de magie sont bien amenées suivant leur fonction - une mention spéciale à la scène du sorcier qui souffle puissamment qui est admirable. On pourra également souligner que nous sommes encore à l'époque des figurants et que cela fait immensément plaisir de voir de véritables armées se rencontrer sur un champ de bataille.
Pour les combats, rien à dire, ça bataille convenablement.
Pour ce qui est des musiques, on possède des partitions sympathiques mais qui sont facilement oubliables.
Les décors et les paysages sont intéressants et les panoramas de steppe fort plaisant.
Le géant de la steppe est un film agréable à regarder malgré des problèmes techniques flagrants et la possibilité d'exaspérer le spectateur avec ses propos très patriotiques. Un exemple de production divertissante qui mérite une certaine attention.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !