Curieusement, ce Gitan n’a pas grande presse. Trop démonstratif dans son propos sur les gens du voyage, trop plein d’étranges coïncidences dans son récit, trop mou dans sa dimension polar. Belle injustice ! Si, effectivement, le propos de José Giovanni manque de finesse, l’ensemble est d’une efficacité redoutable. Voilà l’incarnation type du bon cinéma populaire des années 1970 avec une tête d’affiche au charisme dingue, des seconds rôles capables de tenir à eux seuls un film et toute une kyrielle de gueules qui font la saveur de ce cinéma. Rien que pour sa distribution, le film vaut déjà dix fois ce qu’on peut produire aujourd’hui. Tous excellents, les acteurs sont évidemment une des grandes forces de ce polar qui raconte deux trajectoires pas faites pour se rencontrer et qui, pourtant, ne cessent de se croiser. Entre l’anticonformiste gitan et l’aristocrate perceur de coffres, deux mondes se racontent, offrant au film une savoureuse galerie de portraits qui fait sa force.


Il est certain que l’image des gitans manque de nuances et que, parfois, José Giovanni sert des dialogues à l’emporte-pièces. Tout cela est cependant à la marge et on retient, comme souvent dans son cinéma, sa capacité à peindre des amitiés viriles, parfois sincères, parfois incongrus. Chaque personnage incarne sa propre vision du monde, un monde où le code d’honneur existe et qui est le moteur du récit. En suivant trois personnages (un ennemi public, un élégant gangster et un flic), il réussit à trouver un juste équilibre et à orchestrer un jeu du chat et de la souris qui ne verse pas dans la caricature. Porté par un ensemble de scènes particulièrement efficaces (braquage, course-poursuite, prise d’otage), le réalisateur trouve également la bonne mesure entre l’action et le drame évident qu’il nous raconte.


Avec sa musique signée Django Reinhardt et Claude Bolling, qui joue sur la corde mélancolique, l’ensemble s’affirme encore davantage comme un film de personnages. Peu importe les quelques péripéties qui font avancer parfois étrangement le récit, ce qui compte, ce sont les hommes qui les vivent. Le résultat, avec sa belle brochette d’acteurs, mérite certainement qu’on redonne une chance à ce titre aujourd’hui considéré comme très mineur dans la carrière des différents protagonistes.


7,5

Play-It-Again-Seb
7

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