"Le Gitan" est un film policier "noir" réalisé en 1975 par José Giovanni adapté de son roman paru dans la Série Noire en 1959 sous le n°475 et sous le titre "Histoire de fou". J'ai lu le roman il y a bien longtemps et il faut que je le relise pour remettre en perspective le film...


On y retrouve le commissaire Blot à qui on avait eu affaire dans "le deuxième souffle" du même Giovanni (le roman en 1958) et Melville (le film en 1966).


Sauf que Giovanni a brouillé un peu les pistes car le rôle de Blot est joué par Paul Meurisse dans "le deuxième souffle" et par Marcel Bozzufi dans "le Gitan". Giovanni les brouille doublement car dans "le Gitan", il confie le rôle de Blot à un acteur qu'on voit plutôt dans les rôles de malfrats et réserve Paul Meurisse à un rôle de malfrat. Rien que pour cela, le film "le gitan" est intéressant.


L'histoire racontée dans le film, qui est effectivement une "histoire de fou" !, fait que deux malfrats qui ne se connaissent pas sont poursuivis par la police pour des motifs différents. Et chaque fois que le premier malfrat se planque, le second malfrat, par hasard ou par l'action d'un étrange destin, se trouve au même endroit attirant les flics comme le miel, une mouche. Ceci pousse le premier malfrat à aller se planquer ailleurs. Et l'histoire recommence ainsi trois fois.


Le casting est très bon.
Marcel Bozzufi campe un coriace commissaire Blot que je m'amuse à voir en flic.
Paul Meurisse joue le rôle de ce que j'ai appelé plus haut le "premier" malfrat. Attention, c'est un malfrat de classe, perceur de coffres-forts tout en élégance, qui mitonne soigneusement ses coups et qui vit sur un grand voire très grand pied. Il ne pouvait pas - décemment - en être autrement pour Meurisse. Sa sortie, mal rasé après 15 jours de garde à vue est - encore - de grande classe.


Le deuxième malfrat c'est "le Gitan". Un vrai, qui vit avec les gens du Voyage qui le protègent envers et contre tout. C'est un écorché vif qui en veut à la société qui l'exclut lui et les siens. "On n'est même pas considérés comme des chiens puisque la société réserve un meilleur accueil aux chiens"
C'est Delon qui est à la manœuvre et le choix de la production me semble très pertinent car, comme tout le monde sait, Delon dégage - naturellement - un orgueil qu'on va dire "important" qu'il a, ici, soigneusement travaillé pour en faire de la fierté et de la dureté. Le résultat final est plutôt probant.
Le produit de ses exactions va directement à sa famille sans qu'il ne préserve quoique ce soit pour lui-même.

Deux belles scènes qui renversent l'ordre des choses que le Gitan a en tête : la première où blessé il se fait soigner chez un vétérinaire "gadjo" qui ne lui demande rien sinon juste une poignée de main et la deuxième où il rencontre enfin Meurisse et où Meurisse (un gadjo aussi) l'invite simplement chez lui, dans son appartement de grande classe.


Le casting est complété par une kyrielle d'acteurs bien connus des polars ou du cinéma . Giovanni a travaillé les personnages pour en étoffer les personnalités par des détails particuliers :
Renato Salvatori, qui joue le rôle d'un bandit sans foi ni loi, ancien boxeur, c'est tout dire, bûche son anglais grâce à la méthode Assimil ...
Maurice Barrier, qui est aussi un bandit sans foi ni loi, avec un casier judiciaire qu'on imagine lourd, aime bien se saper avec de beaux costumes et de belles cravates et rechigne à monter sur la moto du Gitan parce que "ça abime les costumes". A coté de ça, il a une tendance d'obsédé sexuel ; il y a une scène assez amusante où, libidineux, il en devient presque beau alors qu'il est en train de passer la main sur les fesses d'une serveuse.

Annie Girardot dans le rôle d'une indéfectible copine du personnage de Meurisse est touchante dans le rôle de celle sur qui on peut toujours compter mais qu'on laisse toujours derrière soi car elle n'est jamais qu'une copine.
Parmi les autres acteurs qui ont un petit rôle efficace, on note Jacques Rispal (en vétérinaire), Maurice Biraud, Jean Luisi, Marc Eyraud, Bernard Giroudeau, etc ...


La musique de Bolling et de Django Reinhardt vient en appui parfait des diverses scènes du film.


Bien sûr, José Giovanni, qui n'est pas homme à dénigrer le monde des malfrats, essaie de nous vendre comme d'habitude le code de l'honneur des truands, les règles du mitan etc . Si le spectateur accepte de jouer le jeu de Giovanni, il a toutes les chances de pouvoir passer un bon moment à voir le film et à déguster tous ces personnages hors normes ou hors-la -loi s'il veut rajouter un peu de frisson ...
J'ai mis 8 comme note car c'est, de mon point de vue un bon film bien monté et bien réalisé, un petit peu en retrait de la note que j'avais mis quand j'avais écrit la critique du "Deuxième souffle".

JeanG55
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le 10 janv. 2022

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