Le titre du film est un peu ronflant mais annonce la couleur en dissociant le châtiment et l'esprit de justice.
Après un inutile prologue, André Cayatte entre dans le vif de son sujet -il est l'auteur du scénario- avec le crime odieux qui introduit le cas d'école du cinéaste et ancien avocat. A l'issue d'une séquence mouvementée et singulière, la police détient deux coupables probables mais trois suspects...C'est-à-dire que l'un d'eux est peut-être innocent mais lequel?
Le film est trop long et pas très bien construit -ainsi ces flashback médiocres évoquant dans une anecdote l'ambivalence de chacun des trois détenus, une des idées portées par le film. Et malgré la présence de Charles Spaak à l'adaptation et d'Henri Jeanson aux dialogues, le film manque d'esprit et de subtilité.
Avant de prendre les proportions judiciaires attendues, l'action policière menée par le sévère Jacques Monod ne donne pas dans le réalisme -peut-être parce que Cayatte ne réalise pas tant un polar qu'un film à thèse- et l'intrigue commence à se discréditer. A l'évidence, ce n'est plus, dans la seconde partie du film, le cinéaste qui s'exprime mais l'avocat. Critique des préjugés, du populisme, de l'intime conviction, tout ce qui peut compliquer ou fausser un jugement est évoqué dans une façon didactique appuyée et maladroite -notamment lorsque Cayatte donne la parole aux jurés, surtout représentatifs de médiocrité populaire.
La mise en scène n'est pas à la hauteur et l'interrogation essentielle de Cayatte (vaut-il mieux des coupables en liberté ou un innocent condamné avec eux?) passe par une démonstration élémentaire et des personnages sans authenticité. Cayatte, le cinéaste entre tous de la question judiciaire, a fait bien mieux par ailleurs, notamment avec "Nous somme tous des assassins" ou "Le dossier noir".