Gare au Gorille
Bernard Borderie a mis en scène le 1er roman d'Antoine Dominique, auteur d'une (très) longue série de romans d'espionnage parus dans la collection Série Noire de Gallimard. Tous ces romans ont pour...
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le 11 oct. 2022
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Bernard Borderie a mis en scène le 1er roman d'Antoine Dominique, auteur d'une (très) longue série de romans d'espionnage parus dans la collection Série Noire de Gallimard. Tous ces romans ont pour héros principal Géo Paquet, le Gorille, barbouze aux services secrets français.
Je reviendrai sur l'auteur lorsque je ferai très bientôt la critique du roman.
Le film date de 1958 pour un roman publié en 1954 et se situe donc pendant la 4ème république où les Services Spéciaux dépendaient directement de la Présidence du Conseil. Autant dire qu'ils étaient en lutte permanente avec les gens, officiels, eux, de la DST qui dépendaient du ministère de l'Intérieur. Le film montre bien cette rivalité de terrain mais aussi les arrangements entre chefs sur le dos de leurs troupes. En particulier, ici, ça arrange bien le chef de la DST que les services spéciaux se mouillent sur le territoire national pour résoudre un problème discrètement et surtout définitivement …
Dans le film, c'est Lino Ventura qui joue le rôle du Gorille, agent spécial d'un format "avantageux" où il utilise fréquemment sa force physique pour faire entendre raison ou rendre gorge à ses adversaires. Comme Ventura est un ancien catcheur et champion de lutte, il possède bien les prérequis pour le rôle. Ici, il s'est infiltré dans une bande de trafiquants de devises pour pénétrer un réseau d'espionnage qui vend des secrets de la recherche atomique à une puissance étrangère. La DST étant aussi sur le coup, comme on dit, "il est pris le cul entre deux chaises". C'est là aussi que Ventura donne sa mesure d'excellent acteur, en habillant le rôle d'un personnage à multiples facettes : il est tour à tour bougon, féroce, tenace mais aussi badin et affectueux (avec sa femme Chaboute), insolent (avec le Vieux, son chef), fidèle (à ses collègues et même ex-collègues). Il se risque même à quelques pointes d'humour (narquois) très bienvenues.
Les seconds rôles sont très bons à commencer par le Vieux, magistralement tenu par un Charles Vanel qui joue bien son rôle de "je t'aime moi non plus" avec Ventura. Son aspect physique rebutant et dégouttant est très conforme avec le personnage du roman...
Pierre Dux joue le rôle du haut fonctionnaire qui, adossé au réseau de trafic de devises, trahit. Son secrétaire et homme de main, sadique à ses heures lorsqu'il a un chalumeau à la main, c'est notre inénarrable Jean-Pierre Mocky !
Une floppée de seconds rôles de l'époque comme Robert Manuel, Jean-Roger Caussimon, Henri Cremieux, André Valmy, Bella Darvi en aguicheuse et séduisante femme d'un des truands qui aimerait bien se farcir (l'avantageux) Ventura.
Mais voilà Ventura a tous les défauts qu'on veut sauf celui de tromper sa femme Chaboute, interprétée par Marie Sabouret.
Un mot pour cette excellente actrice dont c'est un de ses derniers rôles puisqu'elle mourra bien trop tôt à 36 ans , deux ans plus tard.
Bon, c'est sûr que la réalisation N&B sent bien un peu son époque, que le sujet est non pas passé de mode mais devenu trivial par rapport aux films d'espionnage qui seront mis en œuvre plus tard avec les moyens qu'on connait.
Personnellement, je veux rester indulgent pour cette histoire qui est très bien jouée : de la barbouze qui se démène avec ses petits moyens et ses gros bras, de cette épouse qui n'hésite pas à donner un coup de main lorsque son homme est en danger, de ce vieux Vanel qui n'arrête pas de ronchonner mais qui au fond n'est pas si méchant. Si je pouvais me permettre cette image, Borderie/Ventura, c'est l'artisan face à l'industriel. Il n'a aucune chance sur le moyen terme mais il fait du bon boulot fait main.
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le 11 oct. 2022
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