Une étrange sensation après ce métrage. Une douce impression de repentir, une bonne action faite pour la semaine, on est heureux de vivre et en même temps, chagriné par le goût amer des limites que nous impose notre vie. Chagriné aussi par le manque d'ampleur de ce Goût des Merveilles, où tout est prétexte aux doucereux sentiments, où rien ne dépasse jamais, du montage à la musique, rien n'est jamais grave, tout n'est que douce fantaisie.
L'histoire raconte la rencontre d'une agricultrice qui se bat pour préserver la passion de son défunt mari, qui va un jour percuter un homme, très différent des autres. Diagnostiqué Asperger dans sa jeunesse, son décalage va apporter un vent de fraîcheur dans la vie de cette femme qui ne sait plus rêver, et qui passait sans lui à côté des plus beaux détails de la vie. Malgré l'émulsion des deux amours platoniques, les difficultés de la jeune femme à sortir la tête de l'eau et à gérer en même temps cet être à part vont la pousser à quelques sacrifices...
Virginie Efira apporte une dimension humaine et terre à terre au film, et ravive par un doux visage et une attention toute particulière les desseins amoureux du personnage principal. Dans cette comédie, qui n'en est pas vraiment une, comme dans le Caprice d'Emmanuel Mouret, on s'attarde sur des mots, des ressentis, avec toujours en point d'orgue cette lutte sans merci des différents amours qui se rencontrent et s'entremêlent, et qui parfois se retrouvent incompatibles. Dans un univers simple et poétique, où la nature ramène le spectateur à l'essentiel, on apprécie peu à peu les liens qui se créent entre eux et le rejet des autres qui leur permettent de se trouver.
Malgré la prestation subtile et raffinée de Benjamin Lavernhe (de la Comédie-Française), l'état de son personnage, qui n'évolue que très peu, rend au final une version édulcorée de cette différence et n'amène qu'une petite comédie de bons sentiments agréable et simple (parfois simpliste). Les personnages secondaires, qui n'existent que pour faire avancer les péripéties des deux jeunes âmes sensibles, sont décevants. Une réalisation un peu scolaire qui ne fait pas oublier pour autant la candeur positive du scénario, symbole de tolérance. Une romance élégante tout de même, pudique et sincère, des sourires bienveillants à chaque scène.