Découverte de ce grand du cinéma japonais, en version magnifiquement restaurée, par ce premier film : le goût du riz au thé vert... et aux légumes fermentés.
Début prometteur pour ce voyage initiatique dans le monde japonais dans toute son intimité quotidienne.
Yasujiro Ozu développe ici le thème intemporel du couple, avec beaucoup de subtilité et d'humour. L'esthétique des lieux et des personnages, captée par cette fameuse caméra fixe au ras du sol ("ou du tatamis"), éclaire notre sensibilité de toute sa puissance. Et de la lenteur du temps qui s'écoule, se dégage une sérénité favorable à la réflexion et à la compréhension des fonctionnements des personnages.
La très belle composition du décor, soigné, dépouillé, géométrique y contribue également.
La complexité de la vie de couple est parfaitement exposée ici, par des scènes essentielles évoquant habilement les tracasseries du quotidien, comme la privation de liberté, les mensonges, l'agacement, les reproches tacites...démonstration par des scènes éloquentes qui ne manquent pas de sel !
Le dénouement heureux illustré par cette superbe séquence de préparation et de partage de repas des époux, parfaitement synchrone avec leur soudaine compréhension mutuelle, est particulièrement réussi... séquence enrichie d'une petite cerise sur le riz, avec les chamailleries du jeune couple en puissance, qui nous rappellent qu'éternellement tout est à recommencer et à refermenter comme les légumes de la recette... avec patience !!!
Comme je suis en train de découvrir en parallèle le cinéma de Naruse, il sera intéressant de les comparer parce qu'ils semblent tous les deux traiter des mêmes sujets....