Dernier film de Yasujirô Ozu, le Goût du saké met en scène un père qui se résout à marier sa fille, au risque de finir seul.
Au niveau formel, le film est extrêmement composé. Plan intérieur avec un seau rouge au premier plan, un lustre jaune au fond, on assiste entre deux dialogues à un diaporama de tableaux sobres et élégants.
Plus triste que d'habitude, le propos du film est encore plus épuré, ou bien manque de densité suivant l'humeur. Les vieux se torchent au saké et à la bière, paraissant combler le vide de leur existence. Les femmes les attendent et pestent contre leur haleine. L'humour est absent, même le vieux professeur ivre ne fait rire personne. Ici et là figurent des incursions du monde moderne, mais elles ne sont plus étranges, décalées, au contraire elles sont devenues la norme, abandonnant le passé au loin au son de l'hymne de la marine. La fréquence des plans composés apportent un regard distancié aux péripéties mentales de ce père qui rechigne à devoir quitter sa fille.
Ce qui reste en bouche est bien amer.
En guise de dernière leçon, le maître au trépied nous rappelle avec nostalgie et détachement la solitude à laquelle nous sommes voués.