Ozu ou l'anti-cinéma. Des plans parfaits, de plus en plus obsessionnellement vides, de plus en plus répétitifs. Le même sujet, le seul qui compte encore pour un vieil homme (la solitude après le départ des enfants, et aussi la peur de n'avoir pas fait ce qu'il fallait pour leur assurer le bonheur). Sans le moindre cri, ni geste de violence, ni coup de feu, une calme peinture de l'humanité dans toute sa désespérante solitude, face aux rituels d'une société terriblement structurée et oppressive pour les femmes. On sort de là à la fois infiniment triste devant cette lucidité presque sereine (mais pas tout-à-fait quand même, nulle trace heureusement de la sagesse des vieillards chez Ozu), et aussi bienheureux d'avoir assisté à une autre leçon de (grand) cinéma. [Critique écrite en 2004]