Un Hitchcock mineur (car il y en a), avec toute la panoplie nécessaire : la petite femme naïve et manipulée, la femme fatale et sans scrupules (superbe Marlene Dietrich), le faux coupable pourchassé par toutes les polices (mais est-il vraiment un faux coupable?), et même la vieille mégère acariâtre. La misogynie grinçante de Hitchcock s'exprime pleinement dans ce film, avec trois visages de femmes, tous trois montrés sous un jour négatif et sarcastique. Quoique celui de la pauvre héroïne, trop jeune et naïve, trouve grâce à nos yeux, surtout qu'elle finit par se taper le beau détective. Mais si elle s'en sort, c'est uniquement grâce à son papa, un artiste bienveillant et un peu contrebandier, auquel le réalisateur semble s'identifier, et qui comprend tout dès le départ, alors que l'adolescente nunuche sera dupée jusqu'au dénouement. Bref, même avec un scénario très modeste, Hitchcock parvient à faire quelques plans intéressants, et à mettre de lui-même, c'est quand même un tour de force.