Un Hitchcock faiblard, qui ne fonctionne véritablement sur aucun plan : le suspense s'avère dérisoire, et le mystère quasi inexistant, puisque l'intrigue se dévoile dès les premiers instants - il faudra l'usage d'un flashback mensonger pour permettre l'unique rebondissement - tandis que l'aspect comédie sentimentale ne m'aura pas embarqué.
Il faut dire que l'héroïne m'est apparue nunuche (même pour un film de 1950) et fatigante, de par son inconstance psychologique, son immaturité et ses revirements amoureux. La comédienne Jane Wyman fait ce qu'elle peut pour limiter les dégâts, mais se retrouve affublée d'une coupe de cheveux grotesque qui n'arrange rien.
Le flic bellâtre qui lui fait la cour (Michael Wilding) ne s'avère guère plus attachant, pendant que Marlene Dietrich ne se foule pas trop dans un rôle très convenu, celui de la croqueuse d'hommes sans scrupule. Quant a Richard Todd, il apparaît finalement trop peu pour apporter une véritable plus-value.
Heureusement, il reste le charismatique Alastair Sim pour susciter l'empathie du spectateur, dans la peau du père complice non-conventionnel, qui vit loin du foyer conjugal et s'adonne à la contrebande. Ce personnage est à l'origine des meilleures scènes de "Stage Fright", comme le tir à la carabine lors de la fête foraine, par exemple.
On relève en outre quelques bonnes idées en matière de mise en scène, même si on reste bien loin des plus belles réussites d'Hitchcock dans ce domaine. Le cinéaste anglais s'amuse ainsi à plusieurs reprises du parallèle entre la scène et la vie réelle, dans une forme de mise en abîme, avec par exemple le dénouement situé dans le décor du théâtre vide.
Pour ce retour en terre britannique, dix ans après son départ à Hollywood, Hitchcock signe l'un de ses films les plus mineurs.
Paradoxalement, cette œuvre sans éclat ouvre la décennie la plus prolifique et fructueuse de toute la carrière du Maître du suspense, qui tournera bientôt des classiques de la trempe de "Rear Window", "Vertigo", "North by Northwest" ou encore "Psycho", pour ne citer que les plus célèbres.