On a vraiment pas de bol.
Dans le paysage d’une comédie française qui ne vise rien d’autre que le petit bassin (et parfois même le pédiluve avec les films de De Chauveron, par exemple), pensant que le spectateur n'est désormais capable d’apprécier une nouvelle production que muni de bouées, brassards et planches de flottaison (ceci dit, ce dernier ne semble pas rancunier puisqu’il continue à payer son ticket d’entrée à la piscine), voilà soudain qu’un nouveau maître-nageur fait son apparition sur la margelle de la municipale, semblant avoir compris du premier coup comment éviter les habituels risques de noyade. L’espoir est soudain d’autant plus fort qu’en plus, le gaillard s’est entouré d’une équipe de sacrés nageurs.
Et puis plouf, quand même. Pince-moi tombe à l’eau.
Eviter plusieurs écueils ne suffit pas si, en fait, l’objectif n’était que de parvenir à faire une longueur de 25 mètres, quand une partie du public (dont je fais partie) espérait le grand large. Deux scènes, situées en fin de métrage, illustrent parfaitement cette sensation d’apnée sans bouffée d’air salvatrice finale. Il y a d’abord celle de Marina Foïs lâchant ses quatre vérités à sa sœur dans les travées du supermarché, moment aussi convenu que rabâché dans au moins cinquante comédies depuis La crise, ou celle, plus symptomatique du gentil raté de l’ensemble: ne pas savoir en prise direct le résultat du concours est salutaire, mais ne change finalement rien à la gueule du maillot de bain au bout du compte, puisque l’improbable, drolatique, est atteint de la même et inutile manière.
Grosse frustration de l’athlète qui ne parvient pas à toucher le mur final : Lellouche n’est certes pas atteint de strabisme (fallait bien que je la fasse), mais ne fait rien d’autre, au fond, que de bien nager entre les lignes d’eaux sans toucher les boudins, alors qu’il avait peut-être de quoi attaquer un triathlon. Son créneau de feel-good-loser-comédie est fragile, il montre par moment une véritable capacité à la tendresse, mais ne semble pas avoir eu le courage de faire le grand saut, celui de la pleine mer, qui seul permet l’ivresse des profondeurs. Gageons que ce premier plongeon lui donne le gout du sel et des embruns, l’envie d’enfiler des palmes (et par pitié, qu’elles n’aient rien d’académique !), et lui permette, par la suite, de viser plus profond: le grand requin blanc, par exemple, plutôt que le petit mâle de la même couleur.