D'abord, je dois dire que je suis pas très objectif. Ben oui, Les Charlots me sont très sympathiques et j'ai beaucoup de tendresse pour ces étranges personnages passant de petits boulots en petits boulots, mais préférant toujours s'amuser plutôt que de devenir sérieux. D'une manière étrange, nous sommes tous devenus des Charlots dans ce meilleur des monde du XXI ème siècle.
Je les ai toujours un peu associé à un de mes héros en BD: Gaston Lagaffe!
je ne dis pas que Les Charlots arrivent au niveau du chef d'œuvre de Franquin, mais je dis qu'il font un peu partie de la même famille: frondeurs et glandeurs, mais toujours pour rire et préférant rêver que de sacrifier à l'emploi et à la sinistrose de la réalité.
Parce que oui, les Charlots sous leur dehors neuneu donnent dans le subversif. Comment ça vous y croyez pas? Et merci patron? (www.youtube.com/watch?v=BP3_dgTofKA)
Et ben oui les petits gars, c'est quand même une petite chanson à la gloire de l'autogestion et de la réappropriation des moyens de production.
Et bien ce Grand Bazar n'est pas différent. Ils avaient vu juste la joyeuse bande de hippies en chiant gentiment sur le travail et la société de consommation à une époque où ça arrangeait encore tout le monde.
Le Grand Bazar, ça te montre une scène d'hystérie où des consommateurs se conduisant comme des porcs poursuivent de dignes cochons à travers des rayons de supermarché.
Ça montre des mecs qui volent dans un supermarché et qui y foutent un bordel monstre pour aider le petit épicier du coin.
Le Grand Bazar, ça montre la mort d'une société aussi idiote, sans doute, mais encore un peu humaine par rapport à ce qui va suivre.
Alors ça vole pas haut, c'est clair, mais d'un autre coté la société de consommation vole encore moins haut que ça.
Le Grand Bazar, ça montre aussi que ce combat est perdu d'avance, et c'est un peu triste au fond. C'est un film comique qui finit mal; subversion supplémentaire.
La marque de fabrique de la bande en dehors d'être un sacré groupe de musicos (considéré par Rolling Stone Magazine comme le meilleur groupe de musicien français de studio à l'époque), c'est de systématiquement montrer des petits, des perdus, des jeunes cons qui se battent face aux gros, aux puissants,... Ils ont marqué leur époque, et étaient boudés par les critiques professionnels.
Le cinéma populaire en France, ça a jamais autant attiré que les films bien chiants et mous du genou qui tombent dans le mélodrame et qui sont joués sur le ton comédie française, au point qu'on a l'impression que les mecs font du cinéma pour remplacer les somnifères.
Il a fallu attendre la fin des années deux mille pour qu'on commence à parler d'une réhabilitation cinématographique de leur œuvre.
Moi, j’espérais que le groupe se reforme un jour où l'autre; par nostalgie peut-être, mais aussi parce que j'aurais bien aimé voir comment Gérard, Jean, Phil, et Jean-Guy avaient évolués, et ce qu'ils pensaient du monde actuel.
Malheureusement, Gérard Rinaldi est parti il y a quelques années, et je viens d'apprendre la mort de Gerard Filipelli dit Phil. Ils ont pas pu éviter cette corvée de patate là; à même la terre qu'il les bouffent. Dommage, je les aimais bien Gérard et Phil. Je les aimais bien cette bande de charlots. Ils font partie de mon enfance. Ils m'ont appris à ne pas aimer le travail ni les puissants. Je leur en serai éternellement reconnaissant.