Ce dimanche pluvieux, je me suis repris le temps de revoir ce film, vingt ans après... un exercice toujours risqué. Mais ce film s'en sort bien : très bien même.

Il y a le plaisir des longueurs. Le plaisir de s'offrir une parenthèse du rythme effréné du quotidien. Un rythme au ralenti qui se savoure. Des musiques qui s'y prêtent, des paysages et des vues en plongée qui nous emportent. C'est assez rare pour être noté.

Et puis il y a cet homme, mi homme mi dauphin : Jacques.
Ce qui l'habite : la passion pour la mer. Invasive. Exclusive. Fascinante et meurtrière.

On est fasciné par la force de sa passion. Une passion grandiose et destructrice qui le dévore.

Il est en effet déjà au delà du point de non retour, là où folie et passion se fondent. Un royaume de solitude dans lequel il n'y a guère que Enzo pour le comprendre. Lorsque celui-ci s'en ira, que restera-t-il pour le lier au monde des humains ?

Tout, dans le monde de Jacques, est silence.
Mais silence ne signifie pas absence.

Un silence qui, comme la mer, tantôt l'enveloppe et le protège, tantôt l'emprisonne et l'oppresse.

On ne reste pas indifférent au conflit intérieur qui est le sien : guérir sa solitude ('aucun humain n'a ce genre de famille !!' (dauphins)) en revenant parmi les hommes, rejoindre Johanna pour avoir comme elle le lui propose 'un bébé, une maison, une voiture, un chien, etc....' ou aller au bout de sa passion (de sa folie), au delà du point de non retour, dans les ultimes profondeurs ('Il faut que j'aille voir')...

Les rôles de Johanna (qui tentera tout pour le faire revenir, à force de patience, d'insistance, de rupture et de déclarations désespérées (le déchirant cri après sa première déclaration, et l'ultime 'Go. Go and see my love.')) et d'Enzo (beaucoup plus homme que Jacques, mais un peu moins dauphin (d'un tout petit mètre)...) accompagnent l'ensemble et le tout est juste, pudique et convaincant.

Que demande le peuple : c'est un 8 bien mérité.

---

A la relecture de cette critique, j'ai l'impression d'écrire une critique de roman à l'eau de rose... et pourtant, rien à enlever ni à renier : j'ai bel et bien été absorbé.
Cypherox
8
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le 23 févr. 2011

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Cypherox

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