Fort du succès de l'estimable "Coup de sirocco", Alexandre Arcady retourne à Tadjira avec des moyens plus conséquents et un casting étoffé. En amont du "Coup de sirocco", Arcardy raconte une courte période de l'histoire de Tadjira, celle où pendant la seconde guerre mondiale, les américains débarquent dans la ville d'Etienne Labrouche et Léon Castelli, les deux personnages principaux du film. Le cinéaste décrit l'ambiance dans Tadjira, une sorte de grand carnaval né de la rencontre détonante de l'Amérique et des cultures arabe et pied-noir. Mais, si Arcady réalise un film ambitieux, celui-ci ne reproduit que rarement les qualités du "Coup de sirocco", son approche sensible et nostalgique, son attachante authenticité. Quoiqu' Arcady transcrive la réalité de l'Algérie de l'époque- en évoquant notamment l'attitude des colons vis-à-vis des algériens et les désirs d'indépendance encore velléitaires des arabes- "Le grand carnaval" est avant tout une oeuvre romanesque (le personnage de Fiona Gélin, glamour et complaisamment sensuel, en est le procédé le plus évident, le plus vain aussi).
Au coeur de l'effervescence de Tadjira, peuplée de personnages pittoresques autant que superficiels se détachent les existences de Labrouche , maire de la ville et riche colon, et de Castelli, modeste cafetier à l'accent pied-noir prononcé trafiquant avec les GI. Ce sont deux façons qui expriment habilement les moeurs des français d'Algérie mais qui se fondent dans un récit trop facilement spectaculaire, trop dispersé, pour être une chronique réaliste et sincère de l'Algérie française.