"I'm in the movie business, darling. I can't afford your acute attacks of integrity."

Bon déjà, je ne trouve pas le titre très évocateur, et pour une fois ce n'est pas le résultat d'un travail de traducteur alcoolisé. On peut vaguement le relier au tout dernier acte et au sort du protagoniste (acculé de toutes parts, il se taille les veines), mais c'est quand même un parti pris assez étonnant étant donné la teneur de la charge, puissante et corrosive, du film. Aussi, énième film dans cette case, je ne suis pas très à l'aise avec ce cinéma qui adapte du théâtre et qui adopte une mise en scène bien trop théâtrale à mon goût, en donnant l'impression de se soucier trop peu du changement de support. La quasi unité de lieu, la grande verbosité des acteurs, la réalisation très sage... C'est toujours aussi difficile pour moi à supporter au cinéma, et encore plus quand tout le potentiel du projet paraît aussi évident qu'ici.


Robert Aldrich est au début de sa carrière en 1955 mais ça ne l'empêche pas de démontrer une certaine assurance dans le geste de mise en scène : "The Big Knife" est très proche du pamphlet qui s'attaque de manière dure et franche au système de production hollywoodien avec une mise en abîme à peine imagée. Le personnage principal, Jack Palance, est une vedette et promet à sa femme, Ida Lupino, de cesser sa collaboration avec un producteur cupide et machiavélique, Rod Steiger, dans le but de sauver son couple. Mais le producteur n'est pas le dernier des véreux et fera tout pour exercer une coercition solide sur son pion d'acteur : bingo, il détient le moyen de pression parfait, inespéré, puisque l'acteur a été l'auteur d'un homicide involontaire au volant, il y a quelques années, et qu'une tierce personne a payé à sa place le passage par la case prison. Il le tient un peu par les roubignolles quoi... Et dans cette jungle se greffe une histoire supplémentaire, celle de Shelley Winters, une femme qui était présente dans ladite voiture, et qui menace de révéler la chose, mettant de fait en péril le moyen de pression du big bad guy.


On le sent, le scénario est très chargé, boursoufflé presque, ça déborde de sous-intrigues de partout. Les mésaventures professionnelles et sentimentales s'abattent sur Palance avec une application un peu trop sage et un peu trop systématique pour se faire réellement éloquente, mais c'est très probablement le temps (70 années) qui a rendu cette histoire un peu sclérosée. À l'époque, le tableau de la petite tambouille d'Hollywood gangrénée par les tyrans incompétents devait être féroce, cela ne fait aucun doute. L'atmosphère est certes irrespirable par moments, avec cette corruption tétanisante et cette oppression désespérante chevillée au corps, mais l'intensité du piège se refermant sur le protagoniste s'est quelque peu émaillée sous l’effet du temps, malheureusement, à la différence de l‘autre (très beau et original) film noir d’Aldrich sorti en 1955, "Kiss Me Deadly".

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le 13 mai 2024

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Morrinson

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