Voilà un western à l’Italienne qui ne jouit pas d’une grande réputation. Connu, avant tout, aujourd’hui pour son sublime thème signé Luis Bacalov et repris dans Kill Bill, on serait tenté de dire que sa signature musicale vaut mieux que le film lui-même. Ce serait pourtant faire injure à un western qui parvient à installer une véritable atmosphère sans se faire manger, pour film tardif, par un ton caricatural. Au contraire, l’ensemble s’appuie sur une réalisation soignée (il faut dire que son réalisateur a été à bonne école auprès de Sergio Leone) avec un chouette flashblack, au beau milieu du film, aux couleurs sépia qui confère un caractère mystérieux à l’intrigue. Une intrigue pas toujours maîtrisée (l’identité du tueur qui fait peu de doute entraîne de drôles réactions du côté de certains personnages ; l’abandon du thème du trésor) mais qui participe, par son aspect policier, à l’intérêt de l’ensemble.


Mais ce qui fait vraiment merveille, c’est l’écriture des personnages, et notamment celle des trois frères dont les incarnations sont, en outre, particulièrement réussies. Entre Klaus Grundberg, démon exterminateur tout de blanc vêtu, Marc Mazza en vengeur aveuglé et Horst Frank en fin stratège, les antagonistes sont particulièrement soignés et offrent une véritable épaisseur au résultat. Si Peter O’Brien fait le job en jeune fougueux bondissant, c’est évidemment Lee Van Cleef qui crève l’écran dans un rôle qu’on lui connait mais qu’il exécute avec une véritable densité. Dans les seconds rôles, Jess Hahn, quant à lui, donne un peu de légèreté à une histoire sombre autour d’un clan qui tyrannise une ville qu’il possède par tous les moyens.


Le final, qui se résume à un duel entre Lee Van Cleef et les trois frères (d’où le titre du film), est assez sympathique et il renvoie à toutes les scènes de fusillades qui traversent le film. Élégantes, structurées, bondissantes parfois, ces dernières confirment le soin général apporté à la réalisation qui emprunte certes beaucoup au maître Leone mais qui n’oublie d’être aussi originale. Solide, le résultat ne fit cependant pas lever les foules et Giancarlo Santi ne réalisa plus d’autre film pour le cinéma. Sûrement son passage à la réalisation se révéla trop tardif, le genre touchant en 1972 à son crépuscule. Ce n’est pas une raison aujourd’hui pour bouder ce western intéressant et traversé par une partition musicale parmi les meilleures dans le genre.


6,5

Play-It-Again-Seb
7

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le 24 sept. 2024

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PIAS

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