Le grand homme est un film riche dont l'ambition romanesque l'emporte sur l'âpreté du propos. Volontairement non sentimentaliste, aride dans sa narration, trop rigide parfois, pas assez limpide dans sa première partie, le film de Sarah Leonor atteint l'équilibre dans une seconde partie aux enjeux mieux définis.
Les images du prologue sont superbes. On sent dans la voix-off la volonté de créer une mythologie naïve, celle de ces deux légionnaires à la vie à la mort presque perdus en Afghanistan. Le procédé ne fonctionne qu'à moitié et c'est dommage. Le chapitre suivant, trop aride, pas assez fluide, peine à nous intéresser totalement au parcours de Markov et de son fils. Ce n'est que lorsque le personnage d'Hamilton entre pleinement dans l'histoire que le film fonctionne.
Il est ici question d'identité : au sens propre propre, celle des légionnaires, d'un légionnaire tchétchène, de son fils, d'un légionnaire à l'enfance difficile ; au sens figuré, celle de tout être, construite de rencontres, de constructions complexes, de connections avec le monde. Les dernières scènes du film, en s'écartant du réalisme pour plonger dans le romanesque, donnent toute la mesure du projet de Sarah Leonor, illustrent l'amour qu'elle porte à ses personnages, la chance qu'elle veut leur donner.
Jérémie Renier est comme toujours parfait, Surho Sugaipov plutôt cinégénique, et le jeune Ramzan Idiev captivant. Le grand homme n'est pas un film totalement réussi. Mais il mérite le détour.