« Un film est-il supérieur à un autre ? ». Cette question, d’apparence stupide, est en réalité bien plus compliquée qu’elle en a l’air. Peut-on réellement faire une hiérarchie de l’art ? L’art peut-il seulement être noté ? Toutes ces questions, qui méritent ample réflexion, ne connaitront hélas pas la réponse dans cette critique. 
En réalité, si j’introduis sur ces questions, c’est parce que j’ai vu deux films qui se ressemblent beaucoup : un bon et un moyen : *Le loup de wall street* et *Le grand jeu*. Ces deux films ont un grand nombre de points communs mais j’y reviendrai dans la critique.
Mais le comparatisme d’œuvres est-il en bonne chose ? La mise en concurrence de l’art est-elle bonne ? Peut-on juger l’art sur des valeurs morales ?
Je pense que comparer deux œuvres peut s’avouer intéressant du moment que l’on se pose de véritables questions, et que l’on ne cherche pas seulement à créer une hiérarchie, mais à réfléchir sur les œuvres d’art.
Afin d’analyser *Le grand jeu*, la critique sera divisée en trois parties majeures : l’absence évidente de parti-pris dans la réalisation (I.), la perte de potentiel qu’aurait pu apporter le scénario au film (II.), et la décadence américaine sur les valeurs (III.).

***I. La misère de la mise en scène***
***A. Un manque flagrant d’imagination dans la mise en scène***
*Le grand jeu* souffre hélas de bien des défauts en termes de réalisation et de mise en scène. Les plans employés sont en effet très communs et n’apportent aucune originalité. Là où *le Loup de Wall Street* arrive à fournir des plans un peu plus travaillés, dans *Le grand jeu*, ils souffrent d’une évidente pauvreté. Là où Scorsese arrivait à nous offrir de beaux travelings (même si ceux si eurent parfois peu de sens), ici, les mouvements de caméra n’ont rien d’intéressant, enchainant caméra épaule / trépied / caméra épaule…
Cependant, durant les scènes se déroulant dans le passé du personnage, le rythme est très bon, et on ne voit pas le temps passer. Le film arrive à nous accrocher dans le récit et à nous amener avec lui, sûrement grâce à la vitesse à laquelle les plans changent et la caméra bouge.
De plus, il arrive que de bonnes idées soient réalisés, comme par exemple les scènes où le personnage explique en voix off le déroulement de la partie de carte, avec des effets visuels sympathiques, et un rythme effréné. Cependant, ces agréables moments ne sont que trop peu.

Cependant, une question peut résonner derrière tout cela : à qui incomber l’absence d’originalité ?


         ***B.  Un manque d’originalité commu***n 
*Le Grand jeu* n’est hélas pas le seul film à souffrir d’un manque d’originalité en termes de mise en scène et de réalisation. On remarque même que ce problème incombe à la très grande majorité des gros films américains. Là où il est possible que le réalisateur n’ait pas d’originalité, je pense qu’il vaut mieux privilégier une autre thèse, mettant en porte-à-faux les producteurs. En effet, un film original prend le risque de déplaire à une partie du publique, alors qu’un film bateau ne déplaira pas, il ne sera juste pas transcendant.
Cette analyse porte une question sur la liberté artistique dans le cinéma. Là où dans la peinture les artistes ont libre court à leurs idées, et il commence à en venir de même en musique, au cinéma, le problème est bien plus significatif. On peut remarquer ce problème flagrant avec les films DC comics, qui brident de plus en plus leurs réalisateurs pour les faire entrer dans un moule Marvel. Le cinéma grand public ne porte en effet aucune décadence en lui, menant le public à croire dissidentes des œuvres qui en réalité sont des sophismes à la portée de tous (Black Mirror tu es visé).
C’est pourquoi je pense que si le film *Le grand jeu* manque d’originalité, c’est non-pas par choix, mais par contrainte. Mais les défauts du film ne s’arrêtent pas là.

***II. Un scénario mal exploité***
***A. Une histoire de qualité***
Le vrai coup de génie fut d’adapter l’histoire vraie de Molly Bloom. C’est pourquoi je compare souvent *Le grand jeu* au *Loup de Wall Street* : le postulat de base est le même, et le scénario ressemble beaucoup, de par la façon de magouiller, les drogues, le FBI…
Mais là où *le Loup de Wall Street* nous offre une vision burlesque de son personnage, *Le grand jeu* essaie d’apporter une vision plus tragique. Cependant, je ne développe pas trop ce sujet pour l’instant, car il arrivera dans la partie III.A.
Toute l’histoire de Molly Bloom est racontée avec talent, et l’histoire est captivante. C’est surtout pour cela que je conseille d’ailleurs le film et que je l’ai apprécié, l’histoire est intéressante et nous plonge dans cet univers.
Cependant, pour moi, le grand défaut réside dans le montage et certains passages à raconter.
***B. Un ordre de scènes détruisant la vitesse du montage***
Pour expliquer simplement, l’histoire se déroule dans le bureau d’un avocat, où le personnage de Molly raconte son histoire. Tous les passages sur l’histoire de Molly sont prenant, mais les passages au présent sont d’un ennui mortel. Le réalisateur a réussi à détruire le rythme qu’il avait instauré dans les scènes au passé. Les scènes durent environ 3-5 secondes dans le passé, et dans le présent une dizaine, tout est plus posé. On pourrait me dire que c’est une volonté artistique, et je pense que ça l’est, mais toute volonté n’est pas gage de qualité.
Ces scènes ont, à mon goût, d’un ennui mortel. Une fois le bureau d’avocat quitté, j’avoue que ces scènes sont plus intéressantes, mais restent nettement moins passionnantes que le reste ;
Maintenant, passons à des petits problèmes qui me chagrinent mais qui ne sont pas intrinsèques à la qualité du film.

***III. Le cinéma américain, ou de l’idolâtre les ordures***
***A De la décadence des valeurs morales***
A vrai dire, ce point commence de plus en plus à me chiffonner. Ce n’est pas une critique contre ce film en particulier, mais contre tout le cinéma occidental, et en particulier du cinéma américain. On prend des personnages qui sont souvent des criminels, ou des personnes à la morale douteuse, et on les rends idole, on les amène à un grade qui n’est pas le leur, comme ici par exemple, où le personnage détourne de l’argent mais que ce n’est pas grave ; ou comme dans beaucoup de films de gangsters, où l’on prend des « bad boys », et les « starifient ». Même en prenant des films très populaires comme *Iron Man* par exemple, le personnage est à la base un marchand d’armes qui end à tous les camps pour s’enrichir.
La question est de savoir si cela a une incidence sur la morale des personnes. D’après moi, cela n’a qu’un effet cathartique, et l’homme, peut-être par faiblesse, se refusera toujours à ressembler à ces personnages-là, par peur.

***Conclusion***
En résumé, Le grand jeu est agréable à regarder, mais n’est pas transcendant, ne révolutionne aucun code, et je vous conseille de regarder Le loup de Wall Street si vous ne l’avez pas vu, qui serait un film dans le même genre mais en bien supérieur.
thomas_24
6
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le 4 janv. 2019

Critique lue 338 fois

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