Je me suis étonné à grandement apprécier ce film qui au départ n'avait absolument pas retenu mon attention. La bande-annonce ne m'avait pas du tout conquise, vendant le film avec un "inspiré d'une incroyable histoire vraie", comme toujours...
On reste ici dans une des spécialités des biopics tirés de personnages américains : la grandeur, l'ascension, le côté sombre du succès et pour finir la rédemption. Ainsi on suit une lignée de Social Network, Steve Jobs, ou encore celle de l'histoire sportive : The Blinde Side, Le Stratège...
Bref, depuis quelques temps l'Amérique revisite ses meilleurs moments historiques et ses meilleurs affaires ou faits divers... ce qui est pas pour me déplaire dans un sens, tant que c'est bien fait.
Ici on a Aaron Sorkin aux commandes, avec Jessica Chastain en 1er plan, qui se rattrape de son dernier rôle dans Miss Sloan.
Le Grand Jeu nous est un peu présenté à la manière de Scorsese dans Le Loup de Wall Street, mais version féminine.
Cela étant, ici pas d'empire situé sur la plus célèbre rue boursière, mais plutôt un empire du jeu clandestin hollywoodien. L'histoire de Molly Bloom, une jeune femme surdoué qui va monter son propre cercle de partie de poker clandestines. Mais menacée par la mafia russe, acculée par des agents du FBI, procès en cours et harcèlements de ses anciens joueurs qui ont peurs d'être trahis... plus rien ne lui sera épargné....
Une voix off (nécessaire) et une intrigue étalé a différents niveaux (l'enfance, le début, l'ascension et la poursuite judiciaire) nous donne un film parfaitement maitrisé et intéressant. Sorkin nous offre même une rapide explication du poker sous forme didactique, quelque chose qui d'habitude m'effraie dans les films tant cela peut me perdre et m'ennuyer... mais pas ici, l'explication et le montage sont efficaces. Le rythme est stable, les dialogues (et la voix off) sont pertinents, si bien que les plus de 2h du film passent sans trop se faire ressentir.
Visuellement c'est également très plaisant à visionner, les plans et les images sont "aguichantes", les mouvements de caméras sont fluides et épousent avec harmonie le scénario qui a réussit (à mon grand étonnement) à ne pas se saccader.
Et pour mon plus grand bonheur on nous a évité une histoire d'amour naissante en second plan, que j'ai bien failli cru voir arriver (entre l'avocat et Molly), le tout saupoudré par une bonne entente entre la petite fille de l'homme et "son nouvel amour"... yes un cliché des teen codes évité !
Malheureusement il y a d'autres scènes que l'on n'évite pas : la séance de psy sur le canapé à parler de papa, les retrouvailles avec papa... oui "papa" a joué un rôle dans la "carrière" de Molly. Mais est-ce finalement cela que le film a voulu montrer ? Puisque finalement le film débute la dessus et se ferme la dessus. Son père a été très dure avec elle de ce que le film nous montre, et c'est ce qui aurait fait le tempérament de notre héroïne, un tempérament de battante, de gagnante... et c'est cela finalement le sujet du film, et pour cause la scène initiale, reprise en épilogue nous le confirme.
Mais cette notion reste un peu ambiguë, c'est là tout le rapport qu'on ls américains au succès.
Petit bémol néanmoins sur les bandes sons que j'ai moyennement appréciées, ne correspondant pas vraiment au style montrer je trouve. Elles survendent et glorifient à mon goût un peu trop les scènes qu'elles accompagnent, ce qui est bien dommage. Pour finir je dirai aussi que de temps à autres le discours tenu par Molly fait un peu trop "rédemption hypocrite", de jolies mots dans un bouquin pour "faire mieux", faire "belle image" pour que l'on y croit totalement...