Le Grand Pardon 2. Aye Aye Aye, ma mère …
Dix ans - réels - ont passé. 1982 à 1992. Roger Hanin s'est un peu épaissi. Le manque d'exercice en prison, sûrement. La faconde a nettement baissé. L'expérience de la prison sûrement.
Mais dix ans ont passé sur le petit-fils, l'héritier et cette fois, c'est le moment de la bar mitzvah par quoi commence le film. On est en Floride, dans le Nouveau Monde et les affaires de la famille ont prospéré même en l'absence du père (Roger Hanin).
Cette fois, celui qui rayonne et qui triomphe, c'est le fils de Bettoun (interprété pat Richard Berry). Il se permet même de faire la morale au père comme quoi, lui, fait dans la finance, le big bizness, les affaires propres. Pas dans les putes ou le jeu.
Salir la mémoire du père, c'est réveiller le destin qui veille … Dès lors, le spectateur le plus naïf sait que c'est une parole de trop qui lui cuira un jour ou l'autre.
Le film commençait donc pas si mal dans un contexte américain. Ce qui, sur le fond, n'est pas une chose si improbable que ça. Il faut se souvenir que l'Algérie fut "occupée" (pacifiquement) par les américains qui préparait le débarquement en Sicile. Des liens s'étaient alors créés (illustrés dans un autre film d'Arcady). Puis, à la fin de la guerre d'Algérie, de nombreuses familles pied-noires préférèrent carrément l'expatriation dans un pays neuf (qui ouvrait d'ailleurs ses portes) plutôt que de rejoindre la France, s'estimant abandonnés ou trahis.
Oui, mais voilà, le problème est que le film ne devient alors qu'un film de gangsters. Un film qui a perdu un peu la saveur pittoresque du premier opus. Un film moins convaincant.
Par exemple, la reprise en main des affaires américaines par Roger Hanin, au pied levé, ne fait pas très crédible. Et je ne parle pas de la grosse ficelle relative au cousin Roland (Gérard Darmon) opportunément ressuscité. Même moi, je l'ai vue et pourtant je suis bon public … Et puis, attendre dix ans pour se venger. Bon je sais bien que la vengeance est un plat qui se mange froid mais quand même …
Et puis, je vais encore sortir ma théorie des seconds rôles. En termes de casting, un film vaut, bien entendu, par ses rôles principaux, par les stars qui sont en tête d'affiche. Mais toute la saveur, tout ce qui fait qu'un film devient un très bon film, c'est les seconds rôles, les gueules comme on dit, qui l'apportent. Et là, tout tourne beaucoup trop autour de Hanin bien sûr et de Richard Berry. Le Benguigui est un peu inexistant, les hommes de main ne sont que des hommes de main, même Christopher Walken fait un (gentil) méchant d'opérette.
Deux rôles de femmes étaient pourtant très intéressants et prometteurs : ceux apportés par Jill Clayburgh, en patronne d'un motel menacé mais dont l'histoire fait un peu pschitt. Ou encore celui de Jennifer Beals qui n'est pas assez approfondi.
Bref, pour finir, le film se regarde très bien. C'est juste un film de gangsters, quoi, avec des kidnappings, des règlements de comptes assez violents, des histoires de drogue en veux tu en voilà. Il y a même les stups qui sont dans le coup (mais à côté du Trintignant du premier opus, ils font un peu dans le miteux). C'est bien mis en scène, c'est même bien joué. On ne s'ennuie pas, certes.
Il manque juste l'âme du Grand Pardon.