Salauds de pauvres (mais pas trop, quand même)

C'est une constante dans le cinéma d'Alexandra Leclère : une bonne idée de départ, un peu de méchanceté... pour ne finalement pas mener à grand-chose. « Le Grand Partage » ne fait hélas pas exception, même si c'est (quand même) un peu meilleur que d'habitude. Quelques répliques sont bien envoyées, le comportement de certains personnages propose quelques retournements biens vus, illustrant avec justesse qu'il est rarement évident de joindre la parole aux actes, vouloir se donner bonne conscience n'étant pas toujours facile à assumer derrière.

Surtout, la réalisatrice a su s'entourer d'un casting imposant et très à son avantage (Karin Viard - Valérie Bonneton, duo infernal, Josiane Balasko, plus vraie que nature en frontiste pure et dure, pour ne citer qu'elles), certains étant toutefois un peu sacrifiés (notamment Patrick Chesnais, ce qui n'est toutefois pas dramatique, son rôle n'ayant pas grand intérêt). Le problème, c'est que ce film, je trouve qu'il ne ressemble un peu à rien. Je le dis sans méchanceté. C'est simplement qu'il ne semble pas savoir ce qu'il veut. On essaie d'être un peu piquant mais pas trop non plus, de montrer la mesquinerie des gens pour mieux célébrer leur générosité, on voudrait lorgner sur la grande comédie italienne tout en gardant un regard globalement bienveillant...

Il n'y a pas de cohérence, de logique dans le ton, l'intrigue se reposant beaucoup (trop) sur le talent de ses interprètes pour espérer arriver à bon port. Pas idiot, mais quand même insuffisant. Maintenant, au moins y a t-il un scénario, aussi bancal soit-il. Même si c'est beaucoup moins grinçant qu'espéré, ça l'est un tout petit peu. Leclère a (vaguement) tenté quelque chose. Encore aurait-il fallu moins de bienséance et autrement plus de rigueur à l'écriture : une belle occasion manquée, une de plus.