Je lance Le grand Sam sans savoir que cela va être une comédie, et je me dis qu'on part plutôt mal. Les comédies, j'aime bien, le western, j'aime bien et pourtant, je trouve que les comédies westerns ne fonctionnent pas souvent, alors même que c'est un genre souvent plein d'humour. Une contradiction? Certes.
Finalement, Le grand Sam m'aura séduit. C'est que Hathaway est un grand du western, et qu'il sait de quoi il parle. John Wayne n'est pas réellement à contre-emploi ici, simplement ce qui a toujours été dans son personnage et son jeu a été amplifié jusqu'au ridicule, et cela fait sens, donc cela fonctionne. Quant à Capucine, elle joue un personnage de conte de fées, une entraîneuse qui a toujours rêver d'appâter un riche pour sortir de sa condition, et soudain, le rêve devient réalité. Par moments, le film se fait très sérieux, et son regard émerveillé et ému nous laisse entrevoir une autre dimension. Le sémillant Stewart Granger joue le copain du héros, et alors que le début pas subtil du tout laissait entrevoir un traitement ridicule du personnage, il gagne au contraire en dignité au fur et à mesure qu'avance le film.
L'intrigue secondaire, lorsque John Wayne et Stewart Granger sont accusés d'avoir usurpé leur concession est à peine développée. C'est que ce n'est qu'un prétexte pour une nouvelle bagarre dantesque. Après avoir été traînés dans la boue au tribunal, John Wayne et Stewart Granger vont littéralement traîner le malhonnête dans la boue de la rue principale. L'antagoniste n'est d'ailleurs pas vraiment un salaud impitoyable, s'avérant presque sympathique. Et donc, Le grand Sam, tout en suivant son intrigue classique, reste d'un bout à l'autre un western feel good.
Bref, Le grand Sam avance masqué peut-être, mais s'avère plus que le divertissement pataud mais plaisant qu'il laisse entrevoir. Certes les bagarres y sont cartoonesques, nos héros tombent dans la boue comme on se prend des tartes à la crème, des chèvres s'en mêlent et une otarie applaudit, et Hathaway s'amuse manifestement. Comme il amplifie le caractère du personnage de John Wayne, il amplifie l'aspect comique du western : combien de westerns ont des scènes où tout est cassé dans un saloon au cours d'un combat dantesque? Combien de combats à mains nues se finissent dans l'eau d'une rivière ou dans la boue? Tous les poncifs du western sont ainsi non pas détournés, mais au contraire exagérés à n'en plus finir.
Ainsi Le grand Sam n'évite pas les écueils du genre, il fonce dessus comme une chèvre en colère et les met en pièce. Si ce film peut séduire autant, c'est parce que jamais il ne surplombe le genre qu'il parodie : c'est avant tout une déclaration d'amour au western et, dès lors, l'amateur s'y retrouve.