C'était l'un des films « événements » de 2006, il est peu dire que nous ne sommes pas loin de la méprise la plus totale. Non pas que la sincérité de Philip Gröning soit à remettre en cause, ses six mois vécus parmi les moines dans la plus grande discrétion le prouvant sans la moindre ambiguïté. Mais bon... Tant mieux si ce « séjour » a permis au réalisateur de trouver la paix intérieure, mais il est peu dire que niveau cinéma, on frôle le néant. Alors on imagine bien que dans la vie d'un monastère il ne se passe pas forcément des milliers de choses par jour, mais à ce point-là !
On prie, on mange (un peu), on dort... et on remet ça le lendemain ! Et ce pendant 160 minutes !!! Alors c'est vrai : personne ne m'a obligé à regarder « Le Grand silence », et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même puisque je me doutais qu'on aurait droit à ce genre de documentaire. Mais dans ce cas, on peut aussi reprocher aux critiques de nous avoir vendu une œuvre passionnante, nous offrant un très grand réconfort du début à la fin, laissant à penser que mon a priori était peut-être injustifié...
Au final, je me suis rarement autant ennuyé qu'ici, avec des plans fixes s'étirant sur plusieurs minutes uniquement pour donner l'impression d'une mise en scène profonde et intellectuelle, un ton très solennel façon « ce que je filme est super puissant » et quelques plans insolites mais ne débouchant en définitive pas sur grand-chose. Je sais que cela peut paraître étonnant d'écrire ça sur un tel sujet, mais ce film m'a paru creux et prétentieux, avec certes de petits moments touchants et bien vus
(on pense notamment à la bataille de boule de neige),
toutefois beaucoup trop rares pour justifier une durée aussi imposante. Je comprends l'idée du réalisateur, respecte son implication, lui reconnais quelques inspirations de temps à autre, mais rien ne peut justifier l'absence quasi-totale d'intérêt que j'ai pu ressentir, et ce quasiment de bout en bout. Si grand silence il y a, il est surtout cinématographique...