Après Sergio Leone, Sergio Corbucci reste sans conteste le meilleur représentant du western transalpin, baptisé un peu péjorativement "western spaghetti", il est parmi les nombreux réalisateurs italiens qui ont emboité le pas à Leone, celui qui a su capter le mieux le Far West avec des réalisations soignées sans sombrer trop dans la surenchère de violence et de vulgarité qui a parfois desservi le genre aux yeux des puristes qui ne jurent que par le western US. Il a signé de bons westerns comme le célèbre Django avec Franco Nero, ou encore Navajo Joe, El Mercenario, le Spécialiste et ce Grand Silence en 1968 qui reste très probablement son chef d'oeuvre. Dans ce western, se mêlent violence et réalisme, sauvagerie et sadisme, voire même la cruauté avec un souci constant d'efficacité et d'effets spectaculaires, en bénéficiant en plus de la musique d'Ennio Morricone. Corbucci installe une ambiance crépusculaire étrange dans un décor neigeux où Jean-Louis Trintignant parvient à tirer son épingle du jeu dans un rôle de pistolero muet, face au méchant crapuleux joué par Klaus Kinski. On y retrouve aussi Frank Wolff qui sera le fermier McBain un an plus tard dans Il était une fois dans l'Ouest. A noter que le dessinateur belge Yves Swolfs s'en est carrément inspiré pour sa BD Durango dont le premier épisode reprend la trame du film. Un étonnant western hivernal, encore peu courant à cette époque, et nul doute que Quentin Tarantino s'en est inspiré aussi pour réaliser les 8 salopards.