Et dire que Le Grand Soir a bien failli ne pas voir le jour !
Tout avait en effet mal commencé entre les deux "frères ennemis" Benoît et Albert réunis pour la première fois au cinéma dans un film décalé et grinçant, défini par leurs auteurs comme une



comédie anar dépressive façon western social "



Une quête de liberté individuelle puis familiale mais surtout une critique acerbe sous le comique affiché, d'une société qui conduit à une sorte de mort lente, celle des sentiments, de la solidarité et de l'entraide, une vie tristounette où l'indifférence est devenue monnaie courante, consommation à tout crin et achats compulsifs servant à masquer la solitude voire la détresse des uns et des autres.
Alors dans un tel contexte, comment ne pas avoir envie de faire la révolution à sa manière ?


Poelvoorde, look ciblé, crête gominée "le plus vieux punk à chien d'Europe" comme il le proclame, traîne ses guêtres, son treillis et son compagnon à poils dans la zone commerciale sous le regard indifférent de cette population qui semble avoir fait sienne la devise : Vivre c'est consommer.


Et puis, regard noir, look classique en costume, Dupontel, tel qu'en lui-même, nous offre d'abord le spectacle d'un vendeur propre sur lui, absorbé dans sa tâche journalière: séduire le client au royaume de la mousse reine de la literie, prétexte à des scènes hilarantes où l'employé suivi à la trace par l'oeil insidieux de la caméra, poursuit le chaland potentiel avec une seule obsession: lui fourguer coûte que coûte le matelas miracle.


Un duo de choc qui ne va pas tarder à nous entraîner dans ses délires et sa folie, métamorphosant l'employé investi et consciencieux en un punk révolté de la plus belle eau.


Car Jean-Pierre, fraîchement licencié et sévèrement déprimé par son couple qui va à vau l'eau se rapproche de cet aîné longtemps dénigré qui répond au doux nom de Not, "prénom" significatif s'il en est .


Un film de conscience à la fois rude et tendre, terriblement drôle voire émouvant dont Not et Dead sont les héros avec la présence jouissive de la reine du Kékéland : j'ai nommé Brigitte Fontaine qui, oeil vague, airs mystérieux et bagues à chaque doigt dévide inlassablement patate après patate, s'esclaffant sur ce ton unique qui la caractérise : "



Qu'est-ce qu'on se fait chier tout de même!"



Un Grand Soir pour un road-trip en quête de liberté qui m'a plutôt agréablement surprise malgré quelques longueurs bien pardonnables.

Aurea
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le 18 juin 2012

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Aurea

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